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Entre inculture et hypocrisie, la palette des fautes et erreurs qui ont conduit à la désaffections de nombreux centres de nos villes est large. Mais pouvait-on réellement sauver ces centres, dont la descente aux enfers n'est peut-être pas terminée...?

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- DVSM, 11 avril 2024. "L'église au milieu du village"... Cette expression, utilisée surabondamment et à tout propos, devrait faire réfléchir élus, urbanistes et commentateurs. Alors que certains cherchent à réveiller des centres qui se sont désertifiés, d'autres font remarquer que l'on ne réveille pas des morts. Ce centre hier animé parce que très commerçant est initialement mort pour des raisons banalement démographiques. Sa lente dérive a pris naissance, sans qu'elle ne soit décelée, à partir des années 1960-1970, alors que la population (en France), dans une phase de progression amorcée dans l'immédiat après guerre (de 39-45), s'est elle-même métamorphosée. Oublier ce point essentiel conduit à l'erreur toute tentative de correction d'un phénomène irréversible. Il fallait bien "loger quelque part" tous ces nouveaux venus dans la population, et cela ne pouvait pas être fait en ville, déjà occupée par les générations moins jeunes. La périurbanisation n'est pas une doctrine, c'est un phénomène purement mécanique. Cependant, en rester à ce seul constat est insuffisant.

Au fil des ans et des siècles, les ingrédients qui ont structuré les zones urbaines ont été très évolutifs. On ne peut d'ailleurs pas se contenter de les résumer au seul commerce. Et pourtant... Loin dans l'antiquité, celui-ci a bien été un élément très centralisant, que l'on retrouve dans nos provinces comme dans le reste du monde, dans des places, sens large du terme, où foires et marchés pouvaient périodiquement se tenir. Avec toutefois, déjà, et pour des raisons purement matérielles, certaines formes de déplacement vers les périphéries. C'est en particulier le cas pour ces champs de foire où des bovins et ovins étaient réunis en quantités, pour de multiples transactions. Ce qui ne peut pas s'intégrer à une plus modeste place de marché. Place de marché..? Nous aurions dit "Place de marché..?"... "Market place", disent les obnubilés par l'onde anglo-saxonne...? Oui, un endroit réel ou virtuel où des marchands se juxtaposent pour profiter du trafic...

La ville, selon trois axes au moins, et pas seulement celui du commerce. On l'oublie aussi assez souvent, mais petit, moyenne ou grande, la ville c'est aussi (et pas que) la résidence, et l'activité professionnelle. Vrai, même dans les grandes capitales. A Paris, par exemple, outre les "beaux" quartiers et les zones plus populaires (résidence), des lieux étaient occupés par des métiers comme ceux du meuble (les alentours du Faubourg Saint-Antoine notamment), de la taillanderie (il existe même encore aujourd'hui une rue baptisée "des taillandiers", et beaucoup d'autres évoquant d'innombrables métiers) etc. Des schémas qui se retrouvent dans les agglomérations plus modestes, jusqu'aux villages. Où se retrouve l'empreinte d'un autre facteur que l'on peut résumer par "religion" ou vie spirituelle. Les plans de petites, moyennes et grandes villes montrent que durant des périodes très longues, l'église était non seulement au milieu de ce village, mais elle en était une sorte de pôle attractif vers lequel convergeaient les axes de déplacement. Sur notre sol, et outre la foi, l'église a aussi assumé bien des tâches, dont la collecte d'impôts et la gestion de l'état civil.

Au 19ème siècle, survient un bouleversement historique avec le chemin de fer. Il va fondamentalement transformer la vie économique, n'épargnant pas la ville de sa puissante influence. Après la place du marché et l'église, la gare devient un élément majeur de structuration de l'urbanisme. En ce premier quart de 21ème siècle, alors que l'automobile et l'avion ont à leur tour fait irruption dans le quotidien, cette gare a perdu beaucoup de son rang déterminant. Il suffit pourtant de parcourir les lieux où des rues et avenues y convergent encore, mais quelque peu dépeuplés, parsemés de bâtiments sans vie, anciens hôtels et grands cafés pour une bonne part désaffectés, parfois vides de sens et d'activité, pour comprendre l'ampleur de la mutation. Certains élus en "rajoutent une couche", pensant bien faire en rendant compliquée, voir impossible, l'approche en automobile par les voyageurs (notamment ceux qui n'ont pas compris que le tramway ou le bus avec deux valises et un sac de voyage, ce n'est pas très commode). Mais en revanche, dans les 80% du territoire que constitue la France profonde, la gare est devenue un nouveau point de convergence, matin et soir, pour tous ceux qui, provenant de bourgs, villages et hameaux, viennent stationner pour accéder à un train régional ou local qui leur permet de rejoindre le lieu de travail. Dans tout ce bouleversement au long cours, la classique, basse et impertinente accusation de ce "grand commerce" ciblé en destructeur du centre ville fait bel et bien figure d'énormité. En revanche, ceux qui gouvernent, du plus humble conseiller municipal au plus supposé savant des ministres, et dont on attend -sans doute par erreur- une capacité à prévoir (et donc anticiper), l'épicentre d'un monumental plantage ne peut que briller comme une cinglante évidence.

- ET MAINTENANT...? Pas encore au bout de son trépas, ce centre ville...? Si pour certaines agglomérations, parler de trépas est excessif, pour d'autres, il s'agit du constat d'une situation malheureusement atteinte. Chacun voit le désastre s'y prolonger. Dans des rues où plus un seul commerce ne peut envisager de prospérer ou même seulement survivre (allez donc chercher un concours bancaire pour un projet dans ce sens...!) non seulement la commercialité a vécu, mais la chute de valeur du construit a fait s'en effondrer toute convoitise. Cela sans même tenir compte des nouvelles contraintes liées aux "passoires thermiques". L'indigence des périphéries sordides du passé se recentre, dans une métamorphose qui attire des populations avec peu de moyens, voire pas du tout. Ainsi arrivent ce que le brave citoyen baptise des "faunes" douteuses, squatters et autres catégories peu enviables. Faudrait-il relire avec effroi ce que décrivait Jack London dans son "Peuple de l'abîme", vie misérable d'un quartier à l'Est de Londres, dans un autre siècle...?

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Tag(s) : #- TOUT LE COMMERCE, #- VILLE ET COMMERCE, #- A LA UNE
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