"Bétonner la France" fait partie de ces expressions qui inquiètent, fâchent, émeuvent. Mais dont la signification réelle est totalement et assez honteusement détournée.
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- DVSM, 20 janvier 2024. Comment nourrir des colères...? Facile. De quelques mots assemblés et habilement prononcés peuvent surgir des idées. Aussi fausses que capables d'alimenter des opinions, des revendications, des protestations, et plus si affinités, quelques associations venant en appui circonstanciel le plus souvent. Les exemples de ces exagérations de langage pullulent autour de nous, d'autant plus que les innombrables réseaux communicants absorbent et rejettent tout flux qui s'y trouve embarqué.
À l'automne 2013, ce grand chantier (photo ci-dessus) était celui de l'édification du centre commercial "Aushopping Les saisons" de Meaux. Il regroupe aujourd'hui un ensemble d'enseignes avec parmi elles un hypermarché Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon, Action et une belle galerie marchande*. Certains l'auraient sans doute taxé d'entreprise de bétonisation, comme beaucoup d'autres implantations locales dont, pourquoi pas, la cathédrale de cette belle cité, où Bossuet, évêque surnommé l'Aigle de Meaux, prononça d'inoubliables sermons.
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Durant des décennies, cette expression du "bétonnage" a en particulier (mais pas seulement) alimenté l'argumentaire des adversaires de cette "grande distribution", expression elle-même trop souvent dépossédée de son simple sens descriptif pour devenir une quasi insulte. Cette tendance se calme parce que les années de conquête du terrain et des bassins de consommation s'essouffle. Une population qui s'émousse et en préoccupante phase de vieillissement, a sérieusement rafraîchi les ardeurs en matière de grandes constructions à vocation marchande. Hypermarchés, centres commerciaux et autres lieux de cette famille s'en tiennent à de l'adaptation locale, plus rationalisations qu'extensions. De surcroît, des réglementations encore assez récentes ont imposé des choix, allant des parkings souterrains ou en superstructures, ou au minimum aériens mais recouverts d'enrobés drainants. On en est à une sorte de "laisse béton"...
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Au-delà de ces considérations, d'où l'on a bien senti le fumet des molécules politiquement sulfureuses, au moins une vérité purement arithmétique vient perturber les sensations effrayantes que certains s'acharnent à propager, sous cette expression, "bétonner etc...". Avec ses 66 millions d'habitants, le territoire de la métropole, d'une surface de l'ordre de 543.000 kilomètres carrés, laisse en moyenne un peu plus de 8.000 mètres carrés par individu. On a vu des occupations des sols plus anxiogénératrices. Naturellement, cette réalité n'est pas évoquée ici pour occulter le fait que tout ce qui s'édifie sur le sol, du plus modeste cabanon aux constructions exceptionnellement monumentales, en modifie le sous-sol. Il n'en est pas moins réel que les hurlements vociférés à la moindre évocation du béton sont, comme le disait Voltaire, du registre de ces vérités dont l'abus en fait des mensonges. D'autant plus que, même en bois, une implantation au sol donc "non béton", ne serait-ce qu'un banal plancher, conduit à la même modification souterraine, en recomposant les flux d'infiltrations, les déséquilibres entre zones humines et sèches, etc.
* La FNAC, qui disposait d'un magasin dans ce centre, essentiellement axé sur les produits culturels, a quitté ce lieu fin 2021 pour se voir transférée à Claye-Souilly, zone "Shopping Promenades".
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