DISTRIBUTION : doucement, inexorablement, le terrain contraint d'alléger des structures.

13 Juin 2023

Moins cataclysmique qu’aux Etats-Unis il y a quelques années, le retour du tissu commercial vers des dimensions plus conformes à l’évolution économique et démographique ne passe cependant pas inaperçu.

---DVSM---

- DVSM, 13 juin 2023. Quelques établissements fermés par-ci, quelques autres cédés par là, l'heure n'est plus aux vains espoirs d'un retour au passé. Par petites touches, avec le minimum possible de tensions sociales, les rangs du commerce en France et en Europe se placent doucement mais résolument dans un contexte plus raisonnable. Une révision qui devenait inévitable par rapport à l’époque désormais révolue où tout était globalement orienté dans le sens de la croissance, à commencer et essentiellement par le périmètre des populations consommantes. Une correction que la frénésie en termes d'équipement commercial connue dans cette ambiance "post an-2000" rend un peu plus inconfortable. Le symptôme semble brutal, mais pourtant, bien avant l’émergence du Covid, les enseignes de l’autre rive de l’Atlantique étaient entrées dans cette phase corrective et avaient procédé à des fermetures d’ampleur. Ce dans tous les domaines, car les causes profondes des remises en question des marchés se mélangent entre la bascule démographique, l’apogée dépassée du baby-boom et l’entrée dans des rythmes de consommation à la fois plus modérés et changeants. L’impact du commerce en ligne n’y est pas pour rien, bien au contraire, tout comme l’effondrement de certaines offres, dont celles de l’univers EGP-numérique qui en sont un parfait exemple. Annoncer, redouter un mouvement de même esprit pour le Vieux Continent et même l'Hexagone était de-ci de-là considéré comme inutilement pessimiste (relire certaines éditions de DVSM...). Nous y sommes.

A Saint-Etienne, les moments émouvants se succèdent. Il n'y a que quelques jours (le 23 mai) des salariés et des retraités fêtaient les 125 ans de l'enseigne Casino en format un logo humain sur la pelouse du stade Geoffroy Guichard. (photo) Il y a quelques heures, des salariés ont entamé des procédures légales afin de mieux connaître l'état financier d'un groupe qui est dans la tourmente et cède de nombreuses implantations.

En France, l’épreuve du COVID a engendré une sorte d'écran occultant sur des réalités. Quand des commerces et points de vente sont fermés totalement ou pour une part colossale de leurs rayons, et que les clientèles sont réglementairement fortement limitées dans leurs déplacements, les dommages sont automatiquement attribués d'abord à la situation présente jugée exceptionnelle. Même si, dans ce tourbillon, des entreprises plus fragiles sont prématurément mortellement touchées. Dans les entreprises comme dans les organismes, les fragilités sont sans pitié. La crise de l’Ukraine est venue comme une cerise aigre sur un gâteau empoisonné amplifier la vague destructrice de la consommation. Aujourd’hui, les manœuvres de retour à des dimensions plus conformes aux conditions actuelles (et à venir) se multiplient. Seules, de plus grosses corrections, comme par exemple celles concernant le groupe Casino évoqué ci-dessus, des mouvements dans quelques autres enseignes majeures, ou les déboires de pans importants dans l'habillement se retrouvent au cœur de l’actualité. En revanche, des allègements en ressources humaines, des cessions, regroupements ou fermetures en nombre plus modérés, se multiplient dans un silence relatif. Ces évolutions se propagent sur bon nombre de territoires du Vieux Continent. Et il arrive, comme pour le groupe Delhaize (Belgique), plusieurs fois souligné ici, que les transformations structurelles se compliquent sous formes de mouvements protestataires aigus difficiles à juguler. Force est de constater que toutes ces turbulences marquent en fait un véritable changement d'époque, celle qui prenait son envol il y a six décennies, quand les premiers hypermarchés imprimaient l'illusion d'une nouveauté appuyée sur le grand commerce, les libre-service et l'hyper compétitivité.