Erreur...? Il y aurait eu une erreur...? Probablement, mais pas là où le premier réflexe serait de la situer. Par quelle conséquences s'est elle soldée...? Au moins quelques hypothèses... En attendant, soufflons...!
- DVSM, 14 juin 2023. Soufflons les bougies, bien sûr. Pour un "concept", en aligner 60, c'est à la fois peu, et beaucoup. En 1963, Carrefour ouvrait les portes de sa première grande surface à Sainte-Geneviève des Bois. Une date que les professionnels de la distribution connaissent, tout comme ceux qui sont au moins allés à l'école de la République savent qu'en 1515, la France était victorieuse à Marignan. Reste que bien d'autres événements ont marqué le long parcours du commerce. Simple et proche exemple.: la même année, en pays flamand, Le Grand Bazar ouvrait à Anvers (Belgique) une... grande surface avec des charriots, des caisses, du libre-service... et beaucoup de monde pour vivre en vrai cette initiative. Dans la nuance entre peu et beaucoup, ce temps de 60 années procure des ressentis divers. C'est peu, comparé à un grand commerce qui fut en France initié par des grands magasins comme les légendaires Bon Marché ou Samaritaine, nés non pas au siècle dernier, mais au cours de celui d'encore avant. On ne voit pas passer les siècles...! Mais c'est beaucoup au regard d'une distribution en ligne surtout dopée depuis à peine 15 ans par l'apparition fougueuse des réseaux sociaux, de la connexion à tout va et de l'irruption du smartphone. Commerce en ligne qui, à lui seul, remet en cause bien des... lignes de force de ce terrain qui se dématérialise de plus en plus.
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L'erreur...? Elle commence seulement 10 ans après la naissance de cet initial Carrefour, derrière lequel une quantité d'autres créations du même esprit se sont concrétisées. Auchan, Continent, Mammouth, etc.. Sous les initiatives de créateurs qui, sans que cela apporte la moindre nuance à l'origine supposée strictement française du concept, ont souvent fait référence à leurs voyages outre-Atlantique dans les années 50, aux conférences locales de vedettes du commerce américain qui les ont inspirés, en ayant notamment retenu l'incontournable "nos car, no business". Ainsi donc, en 1973, surgit la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat, dite "Loi Royer", appuyée sur un souci de protection du "petit commerce", implicitement installé en ville. Il est bien compliqué de s'aventurer dans trop de comparaisons et de conclusions hâtives nées de l'observation de phénomènes se produisant ou s'étant produits sur des territoires fort peu comparables. La France des années 60 vit le début de ce que les spécialistes appellent "périurbanisation", en clair, l'extension des zones urbaines en périphérie sous l'effet d'une puissante progression démographique. Outre-Atlantique, cette évolution fut bel et bien vécue, mais dans les années 1920. Assez tôt pour que le "nos car, no business" soit ressenti comme le seul moyen de pouvoir accueillir une clientèle, déjà de plus en plus motorisée au Pays de l'Oncle Tom. Deux éléments clés qui n'ont été vécus ici que 10 à 15 années après la fin du second conflit mondial. À l'aube des années 60, l'Hexagone vient à peine de franchir le cap de 30% de ménages motorisés. Une décennie plus tard, la périurbanisation a galopé, le parc automobile a explosé. Installés là où le foncier est encore abordable, les grandes surfaces se retrouvent aussi et sans préméditation en proximité avec les résidences nouvelles. Comme dans cette population, désormais, l'homme et la dame vont au boulot, la question des amplitudes horaires se pose. Le commerce nouveau en profite pour attirer des clients des zones intra-urbaines, heureux de trouver de la lumière tard le soir, alors qu'en ville, on pousse les gens dehors dès 19 heures. Il serait possible de poursuivre cette narration où les éléments de toute nature pullulent.
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La probable erreur est inévitablement déjà identifiée. Personne, en somme, ne semble avoir songé à ce qu'aurait pu être une harmonieuse complémentarité entre un grand et un moins grand commerce, exercés dans une proximité constructive, en ville avec le parking nécessaire, et non chacun de leur côté. Il ne faudrait pas mélanger les effets de la concentration (que toutes les entreprises finissent par connaître) et les attractivités géolocalisées. Les plus grands absorbent de plus petits, jusqu'à une certaine limite. En Allemagne, proche voisin si souvent utilisé comme exemple comparatif, le commerce de périphérie s'est moins développé durant des années, le "grosses locomotives" ayant pu s'implanter au cœur des grandes cités. (Mais à la faveur d'une longue et pénible reconstruction d'après-guerre -post-bombardements- qui a permis une part de ces implantations, expliquait un spécialiste du terrain local). L'attractivité est bonne pour tous, grands moyens et plus "de niches", spécialisés, enrobés d'une activité complémentaire (restaurants, salles de sports, cinémas...) De plus, le commerce allemand fut longtemps soumis à une réglementation stricte sur des heures et jours excluant, jusqu'à des périodes presque récentes, l'ouverture tardive, du samedi après-midi et du dimanche. On ne construit pas des centres commerciaux surtout promis à être majoritairement fermés. Ajoutons qu'il subsiste des nuances tarifaires et fiscales sur notre territoire qui bloquent la cohabitation du commerce et des zones d'activités artisanales et industrielles. Il n'en reste pas moins vrai que, selon une tradition, ce pan du commerce à la française, décrié par certains mais hautement fréquenté par une population importante, a aussi trouvé ses prolongements bien au delà des frontières. Ne boudons pas cette satisfaction. Encore un doigt de Champagne...?
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