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SENIORS : QUELLE RELEVE POUR LES VENTES DE BIENS TECHNIQUES ?

Le papy boom aux prises avec un pouvoir d'achat grignoté et un avenir rempli d'incertitudes.

Si certains économistes assez "médiatiques" ont eu et ont encore tendance à émettre des avis extrêmement théoriques sur les conditions de vie des retraités, conditions supposées superbes, la réalité est fort différente et fait évoluer de telles affirmations vers les confins de la provocation. D'autant plus que quelques uns de ces experts n'hésitent pas à suggérer que ces populations pourraient sans problème être davantage ponctionnées. Une idée qui a été reçue 5 sur 5 par les intéressés, ce qui ne fait que stimuler leur attitude désormais prudente en attendant de voir "à quelle sauce ils pourraient être mangés". Ce qui ne provoque aucun optimisme et est fort regrettable, notamment pour les ventes d'EGP et de biens techniques, plus touchés que la consommation en général*.

Compliqué ! Le grand élan de la natalité d'après-guerre a commencé en 1946–1947. Les premières vagues du baby-boom, en 2016, entrent donc dans la famille des septuagénaires. Les classes d'âge ont ensuite été volumineuses jusqu'au millésime 1976. Si les progrès techniques et l'innovation ont largement contribué à la diffusion des chaînes hi-fi, téléviseurs, magnétoscopes, lecteurs de CD et DVD, téléphones portables et autres caméscopes, ces deux catalyseurs ont été largement soutenu par les fortes vagues démographiques. Celles-ci ont en effet généré une phase de croissance où l'édification des résidences principales, puis leur équipement et celui de leurs occupants, ont été déterminants.

A présent, le décor a fondamentalement changé. Les individus qui approchent de leurs 70 bougies ont moins de besoins. Cela commence par l'automobile, qui n'est plus autant sollicitée. Alors qu'environ 7 actifs sur 10 utilisent quotidiennement leur véhicule pour se rendre sur leur lieu de travail, cette habitude s'efface tout naturellement quand arrive l'heure de la retraite. Le nombre d'individus par foyer diminue, les enfants vivant leur vie d'adultes, les décès amplifiant cette tendance.

Les données purement économiques et sociales modifient aussi bien des choses. Si les classes moyennes ont extraordinairement alimenté la demande en biens durables, le niveau de leurs retraites jette un froid sur de nombreux individus. "Il faut apprendre à vivre avec la moitié de ce que l'on avait durant la vie active" souligne un retraité du secteur privé. Une réalité que n'a fait qu'amplifier le choix de ne plus indexer les retraites sur les salaires, mais sur l'inflation. Bonne idée à une époque où ce mal était galopant ou encore menaçant, cette disposition est devenue douloureuse avec une inflation devenue nulle. Et qui plus est, la crise est passée par là. Les augmentations de nombreux produits (dont l'énergie) ont fortement pénalisé ces consommateurs, tout comme les explosions fiscales, dont les impôts locaux. Si les retraités sont victimes d'une réalité économique qui les pousse à dépenser avec une extrême et prudente modération, la tranche des 50 à 60, voire 65 ans, n'est pas davantage au paradis. Fortement touchée par le chômage, inquiète de devoir travailler plus longtemps, mais de ne pas forcément avoir la certitude de maintenir son niveau de rémunération, elle a aussi plongé dans une certaine peur des lendemains qui déchantent. Les classes "en deçà" de moyennes ne disposent que de ressources faibles ou même très faibles, et de nombreuses catégories sont dans des situations encore plus préoccupantes, dont celles concernant les personnes relevant du RSI (régime des indépendants) qui relève du scandale, quand on pense aux cotisations que ces commerçants en noms propres, artisans ou professions libérales ont dû régler tout au long de leur carrière. Des "happy boomers" propres à alimenter la consommation ? Oui, il y en a, mais c'est une proportion assez faible. Or, pour que les générations plus jeunes puissent travailler (et alimenter les régimes de retraites… cercles vicieux…!) il faut que les moins jeunes, plus nombreuses, soient hautement capables de dépenser, et non prostrées dans des attitudes que dicte la plus élémentaire prudence. C'est un problème de société qui, hélas, est fort peu évoqué.

*Les bien techniques, et notamment l'EGP, sont davantage touchés par les conditions actuelles de consommation car, du fait d'un fort taux de possession et de l'absence de nouvelles ruptures technologiques aux effets significatifs, ils subissent les effets d'une prudence redoublée et d'une appétence émoussée de la clientèle. A quelques rares exceptions, les équipements électroniques voient leurs ventes en volumes se replier depuis plusieurs saisons.

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