S'il n'est plus tout à fait ce qu'il était, l'hypermarché, dont on souffle 60 bougies, le doit moins à sa conception qu'aux lignes de produits qu'il a pu très largement exploiter pour s'assurer du trafic nourri durant des années.
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- DVSM, 20 juin 2023. La "grande surface alimentaire" n'avait pas que des fruits et des légumes dans ses atouts. Ni même des barils de lessives, des box-palettes de colas ou sodas, sans oublier les populaires foires aux vins. Lorsque historiens et archéologues, dans un lointain futur, se pencheront sur les décennies récentes, pas un ne pourra considérer comme négligeable la propagation explosive des techniques et des usages liés à l'électronique. Des domaines qui ont transformé radicalement la vie du genre humain, via les loisirs et les communications, dans une avalanche sans cesse plus abondante et plus accessible. Dans une attachante métropole de la région lilloise, un responsable de point de vente spécialisé "Radio-TV-ménager" nous avait raconté, au cœur des années 70, "Les hypermarchés qui ont ouvert dans la région vendent les téléviseurs moins chers que ce que nous les payons à nos fournisseurs". En cette période où les ménages s'équipaient massivement de petits écrans, cette concurrence vigoureuse ne dissimulait nullement le moyen habile ainsi déployé afin d'attirer des quantités les plus nombreuses possibles de clients. Ce n'était pourtant qu'un modeste préambule. Une incroyable phase sur le même modèle s'est prolongée sur un bon demi-siècle, jusqu'aux alentours des années 2010-2015, quand la connexion et la dématérialisation ont sonné le glas de l'essentiel des panoplies physiques des lignes audio, vidéo, et informatiques que tout foyer avait à cœur de se doter. Les épisodes de campagnes musclées, notamment aux périodes vibrantes, Noël, Nouvel An et quelques moments saisonnièrement chauds, ont servi de supports répétitifs à des opérations promotionnelles nombreuses et d'ampleur. Non seulement le matériel s'est retrouvé dans ces initiatives, chaînes hi-fi, téléviseurs, baladeurs, radiocassettes, lecteurs de CD, magnétoscopes, lecteurs de DVD, caméscopes, ordinateurs "desktops", notebooks, mais aussi des montagnes de consommables, cassettes audio et vidéo, disquettes, sans oublier les produits culturels, disques, cassettes vidéo, laserdiscs, logiciels... Lors du "back to school", avant le retour d'un Vieux Bonhomme avec sa hotte pleine à craquer, en préambule des grandes épreuves sportives, que de poireaux, pommes de terres, steaks hachés, shampoings et autres biens usuels sont repartis dans des coffres de voitures aux côtés d'un peu d'EGP, d'ordinateurs solidement configurés, de cassettes vidéo du Roi Lion... enfin, tout ça... objets d'offres alléchantes en vedettes dans des catalogues richement imprimés.
Les produits de cette phase d'une électronique luxuriante ont certes connu partout dans le monde des ascensions comparables. Toutefois, l'hypermarché , concept originaire de l'Hexagone et qui y a, plus que nulle part ailleurs, été très fortement développé, avec son EGP à la pointe de l'offensive, a sans aucun doute fait pencher en sa faveur des pans de "marchés", au pluriel, puisque largement exploitée en locomotive de l'ensemble de l'offre des établissement. Cette GSA ne peut plus compter autant sur des équipements qui ont largement disparu de l'offre, des envies et donc des rayons. Pire, des grandes et moyennes surfaces ont maillé le territoire, avec force poireaux, pommes de terre et shampoings, un peu d'EGP (au sens large), tandis que certains clients, qui cherchent des biens techniques, se tournent vers les GSS ou Internet. Avec le recul, une question peut être posée : l'hyper aurait-il connu un développement identique sans le secours de ces lignes si puissantes en pouvoir attractif.? Ce même si ses parts de marchés sont toujours, durant ces décennies, restées moyennes, sans plus, pour certains créneaux (mais ultra-dominantes sur d'autres, comme les consommables, cassettes vierges, disquettes... générateurs de trafic par excellence). L'idée n'est pas de jeter la pierre à ces enseignes pour lesquelles le nouveaux défis sont inédits. Mais simplement de porter un regard sur un genre commercial dont les acquis sont loin d'être aussi négatifs que certains semblent heureux de l'affirmer. Car dans leur grande majorité, les hypermarchés, loin d'être morts, ont eux-mêmes endossé le profil de locomotives entraînant dans leur sillage des zones entières d'activités qui restent aujourd'hui encore les pôles les plus actifs de bien des périphéries urbaines.
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