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Dire que le charme est rompu est un constat bien faible. Décalés dans la saison, de grands moments de l'année souffrent du virus et... d'une certaine démobilisation des médias. Mais quand l'esprit n'y est pas...

L'édito, par Yves Dupré.

- DVSM, 20 septembre 2020. Gris...! Les orages viennent d'assombrir les dernières heures de l'été. Déjà, les esprits songent aux soirées automnales au coin du feu. Les GSB ont aligné leurs promos sur les poêles à bois et les radiateurs d'appoint. Dans les rayons d'habillement, les petites laines et les polaires sont en place. A la maison, les barbecues sont nettoyés et rangés dans un coin du sous-sol. Grillades merguez, ce sera pour plus tard. C'est sous cette pluie de messages un brin subliminaux que soudain, bon sang mais c'est bien sûr, on s'aperçoit que quelque chose a bien changé. Les médias n'ont cessé depuis des mois de s'étendre sur les dommages et les contraintes liées à ce virus qui bouleverse tout. Dans un décor de feuilles jaunissantes, la télé essaye de faire comme si. Mais avec 5000 spectateurs sur les Champs Elysées, l'arrivée du Tour ne peut avoir qu'une trop fade saveur. Du côté d'Arnage, les bolides surgissant d'une obscurité tardive vont s'engager sur une ligne droite, bordée de tribunes trop silencieuses. Certes, ces seules images suffisent à replacer les choses dans le bon ordre. Ces épreuves qui furent jadis parmi les plus populaires sont bel et bien faites pour annoncer les beaux jours, les vacances, les longues soirées sous les étoiles. Et non les perspectives sérieuses de la rentrée. Mais de plus, cette saison écorchée vive par la pandémie résonne comme le constat d'une mise en quasi jachère de certaines couvertures médiatiques.

Il y a bien longtemps, le Tour de France, alors épreuve sportive ayant la plus forte audience TV et distillée comme un feuilleton radio riche d'un épisode nouveau toutes les 30 minutes, était aussi vécu comme un grand instant d'union bien de chez nous (même avec des champions belges ou italiens prêts à dynamiter le peloton...). De retour après la guerre en 1947, il avait permis à la France profonde de revivre ses heures des années 30 où coureurs et TSF installaient un fil rouge du premier hectomètre de la course jusqu'à son arrivée. Après les époques d'après guerre encore glorieuses, terres de conquêtes pour des héros tels qu'Anquetil, Poulidor, Merckx, Hinault... est arrivée un climat plus sombre. Celui où, prisonnière d'une carcan plus commercial*, et concurrencée par un foot bondissant, la grande boucle est devenue plus monotone. Décimée par les épisodes du dopage, la petite reine a perdu ses stars. Alors que seront disputés ses derniers tours sur "les Champs", combien seront les spectateurs capables de citer les noms des occupants du podium. Qui plus est, à part la couverture en quasi temps réel de France Télévisions, les autres canaux ne traitent les sujets que par quelques miettes de micro-brèves. 

Ce n'est guère mieux pour la grande et historique compétition de la Sarthe. Là encore, c'est France Télévisions qui s'y colle. Mais ailleurs, c'est tout juste si le sujet est évoqué, alors que s'éternisent les débats soporifiques (mais peu coûteux) sur les mesures barrières, le port du masque, les squatters, la sensation de violence, et la fermeture d'une usine de pneumatiques. Et pour Le Mans, qui voici quelques décennies, tenait en haleine des millions de passionnés d'un jour pour l'automobile, et attirait entre 200 et 300.000 spectateurs sur place, la couverture était devenue plus que fine depuis bien longtemps. Pour tous ces rendez-vous, il y a bien entendu les droits, ce que les uns (canaux) peuvent diffuser et pas les autres... Mais aussi un certain désintérêt. 

Avec un peu de recul, cette épidémie a au moins deux incidences désagréables. D'une part, elle bloque des parts considérables de la vie économique et sociale, sans pour autant épargner certains de nos semblables, les plongeant dans des degrés variés de la pathologie pouvant aller jusqu'au plus grave que grave. D'autre part, elle tend à précipiter vers l'abîme tout ce qui, auparavant, allait plus ou moins déjà "un peu mal", ou était, selon une expression bien comprise en langage de terroir, plutôt "mal emmanché". Plus cet agent pathogène restera présent, plus ces dégâts collatéraux auront pris de l'ampleur, au point, qui sait, de surpasser tous les autres.

 

Tag(s) : #- A cause du virus..., #- C'est un avis
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