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Doc. YD-KELEREPUS

Un Airbus de ceci, un Airbus de cela... Au fait, c'est quoi, un Airbus ?

 

Nous ne parlons pas des avions. Mais des pirouettes de langage utilisées quand il s'agit de décrire, si possible d'une manière rassurante, la prise de contrôle d'une firme par une autre. Pirouettes qui ne font pas relâche. Certes, ce n'est pas en lien direct avec l'EGP, mais avec une façon bien de chez nous d'envisager l'industrie, qui a aussi su frapper l'électronique pour tous. L'idée qui justifie ces acrobaties verbales étant d'évoquer "communicativement" aux moments chauds un ou des succès européen potentiels, consolations faute d'avoir atteint ou maintenu le succès tout court.

 

C'est oublier que les Airbus ont une histoire plus complexe qu'on l'imagine, ce qui rend ce genre d'allusion assez inapproprié. Evocation très rapide, que tout spécialiste ne pourra que trouver caricaturale, mais pas fausse pour autant. Le projet d'un premier appareil au nom d'Airbus a exactement 50 ans, celui de notre TV en couleur et d'un autre oiseau qui a bien davantage monopolisé les énergies et l'argent des contribuables. En 1967, alors que le public se presse au Grand Palais (Paris) pour l'exposition Toutankhamon, le supersonique fait son premier vol, un exploit tout relatif car il va devoir ensuite être reconçu presque intégralement. L'Airbus, très décrié par des politiques qui n'y connaissent pas forcément grand chose, est relégué dans son coin obscur, un sort à peine meilleur que celui du Mercure que Marcel Dassault, qui piaffe d'impatience à l'idée de concurrencer le Boeing 737, si l'Etat tout puissant et tout décidant lui permet d'acheter à l'étranger les moteurs qui lui font défaut pour s'aligner en autonomie*.

 

Mais finalement, l'Airbus, version gros porteur (A300), et moyen courrier, sort d'usine et entre en service. Ce qui fait pouffer de rire pas mal de spécialistes d'outre-Atlantique, chez Boeing, Lockheed et Douglas. Ils n'ont nulle frayeur face à ce concurrent qui a bien peu de chances de succès, observant que les vrais potentiels du marché, au cœur des années 1970, sont sur des appareils moyens courriers de taille intermédiaire, pour circuler de ville en ville, en proposant aux voyageurs des cadencements correspondant à leurs emplois du temps. Comme par exemple un départ le matin toutes les 30 minutes pour des trajets d'une heure environ, tels qu'entre San Francisco et Los Angeles, New-York et Chicago, etc. Dans la déjà vieille Europe, l'homme d'affaires qui va de Paris vers une autre capitale utilise plutôt le Trans-Europe-Express... bien que, comme au pays de l'Oncle Tom, les choses commencent à changer. Mais les avionneurs américains, qui croyaient à la fausse route assurée d'Airbus, en sont malgré tout baba et pour leurs frais. Ils ont sous-estimé la force des compagnies nationales, Air France, Lufthansa, Sabena, Alitalia qui, toutes, font l'acquisition de ce A300. L'industriel Airbus a décollé.

 

Quelques fortes têtes chez le jeune avionneur européen (et non sous l'influence de l'élan international qu'on semble vouloir décrire, et qui ne viendra que bien plus tard) ont quand même repéré cette demande pour ces moyens courriers de taille moins gigantesque (les "mono couloirs") et ont l'audace de créer un avion très électronisé qui se pilote avec seulement deux personnes**, quand il en faut trois dans les cockpits de Douglas ou de Boeing.  Si vous parlez de deux salariés au lieu de trois pour une même tâche à n'importe quel chef d'entreprise, il comprend dans la seconde.

 

Et voilà, c'est parti pour Airbus, stratégie absolument garantie de succès et à laquelle tout le monde, dès lors, et notamment l'industrie d'outre-Rhin, veut bien se rallier. Subtile différence avec ce que nous entendons, à propos d'un Airbus du ferroviaire, d'un Airbus de la construction navale, demain peut-être d'un Airbus de la sauce tomate. Que ne s'est-il développé un Airbus de l'EGP, du smartphone, de l'IT, de l'Internet des objets...

 

*La réponse sera non, le Mercure ne dépassera pas 10 exemplaires vendus à Air Inter, et un de pré-série offert à cette même compagnie nationale. ** L'A320, décliné ensuite en une grande famille, A321, A319, A318...

 

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Tag(s) : #- TOUTE L'INDUSTRIE, #- C'est un avis
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