PHOTO : une erreur stratégique que l'industrie paye cash face au smartphone...?

16 Avril 2024

Les courants concurrentiels venus d'ailleurs -ou presque- nécessitent des répliques anticipatives d'ampleur. Le monde de la photo avait vu venir le numérique, mais moins la connectivité.

---DVSM---

- DVSM, 16 avril 2024. Dès les années 1990, des téléphones mobiles type GSM se sont vus dotés de fonctions photographiques. Il y a plus de 20 ans, dans un reportage sur un salon parisien consacré au tuning automobile, un jeune visiteur avait été observé capturant l'image d'une carrosserie richement décorée. Dans les pages de cette même publication (encore en version mensuelle et "papier"), aux adeptes de la "grande photo" qui dénigraient les basses aptitudes de ces téléphones clicheurs, nous faisions alors remarquer que l'important n'était pas l'appareil, mais celui qui s'en servait. "Un individu qui révélait ainsi son envie de conserver une image en faisant cette prise de vue était probablement un client potentiel à ne surtout pas perdre de vue pour la vente d'un ou plusieurs APN, dans un futur inévitable". Las, ce genre de remarque n'est en général pas pris au sérieux (ni même écouté, voire, pas même recherché) par les industriels. Groupes puissants qui, en revanche, investissent massivement dans leurs groupes de consommateurs aux comportements et réactions examinés à la loupe afin de définir les produits industriels à développer. L'erreur stratégique est de ne pas avoir assez anticipé la nécessité de pourvoir télécharger et transmettre -partager- dans l'instant tout cliché saisi. Ce que permet sans problème n'importe quel smartphone, dont les performances sont devenues proches de nombreux APN d'usage courant. La course aux pixels, la quasi délirante conquête des super-zooms et autres exploits des R&D, ont occupé une place dominante dans les innovations chez des ténors de l'industrie. Lesquels n'ayant visiblement pas saisi au bon moment le fait que la connexion était bien la conséquence numérique qui allait changer le monde, celui du cliché inclus. Ténors qui ont fini par venir sur le sujet, mais bien tard. Il existe aujourd'hui, dans le parc installé, chez les utilisateurs, de nobles APN payés bon prix, assez récents pour n'avoir que peu de chances d'aller droit à la benne à court terme. Mais qui, coincés dans leur vase clos, engendrent une procédure gestuellement trop compliquée, et dès qu'un sujet à capturer se présente (imaginons une belle auto de collection qui passe soudain -important, "soudain"-) le réflexe du smartphone l'emporte. Avec partage immédiat vers les co-amateurs du sujet cliché... C'est un peu une version industrielle du lièvre et de la tortue. Après l'heure, ce n'est déjà plus l'heure...