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Magnétoscopes : larmes de crocodile et vrai chagrin !

INCONTESTABLEMENT, ON EN A VENDU, VENDU ET REVENDU ! L’ARRÊT DE LA FABRICATION DES DERNIERS EXEMPLAIRES PAR FUNAÏ SOULÈVE UNE PETITE VAGUE DE NOSTALGIE. UNE PAGE TOURNÉE SUR BIEN PLUS QU'UN SIMPLE EQUIPEMENT…

Le magnétoscope est mort ! On le savait très diminué et dans les régions occidentales, pratiquement plus aucun rayon n'en proposait à la vente. Pour les consommateurs, cet événement ressemble à ces fins d'histoires qui frappent les esprits, comme celles de la 2CV, des locomotives à vapeur ou des machines à écrire. Le pincement au cœur est suffisant pour oublier des défauts tels que les côtes péniblement montées à petite vitesse, les escarbilles dans les yeux et les fautes de frappe ponctuées de ratures irrattrapables (sans correcteur d'orthographe).

Les magnétoscopes, VHS ou autres, se contentaient d'images d'une résolution très médiocre et d'une qualité qui chutait un petit peu à chaque lecture. Pourtant, le magnétoscope a aussi été non pas le symbole, mais l'instrument extrêmement concret autorisant, en particulier en France, la sortie du strict menu télévisuel d'Etat. C'était la première étape d'une sorte de liberté fondamentale, celle consistant à pouvoir regarder ce que chacun veut, quand il le souhaite. Entre les éternels (mais sympathiques) nostalgiques et les vidéophiles dotés de vidéothèques d'ampleur ayant renoncé à une numérisation systématique, fastidieuse et onéreuse, l'entrée de l'enregistreur lecteur d'images dans la légende concrétise à elle seule une nouvelle histoire.

Pour la distribution, cet ultime épisode tourne la page sur une aventure qui aura été marquée par toutes les facettes, industrielles, commerciales, fiscales et politiques qui ont servi de cadre à l'épanouissement de l'électronique grand public pour tous. Arrivé à la fin des années 70, le magnétoscope, est né dans l'Hexagone à une époque où les équipements de hi-fi, (comme l'automobile), étaient frappés par la lourde TVA (33,33%) réservée aux produits de luxe ! On a l'ADN fiscal que l'on peut ! Cet appareil, produit exclusivement importé, a aussi constitué le champ de bataille pour la domination au niveau mondial des groupes industriels majeurs, via les fameux "standards". Toujours dans notre pays, ce même équipement s'est taillé un costume d'enjeu politique. Réalisant soudain que le Japon existait et qu'il était capable de faire des produits excellents et de nous les vendre (comme partout ailleurs), nos dirigeants l'on vu comme LE monstre ayant déséquilibré la balance de notre commerce extérieur (déjà) bien malade. Au point d'en avoir de fait interdit l'importation, en lui imposant dès 1983 un passage, pièce par pièce, via le bureau de douane de Poitiers, dont chacun sait qu'il était la porte d'entrée spécifiquement idéale pour les produits arrivant de terre nippone.

Le magnétoscope n'a cependant pas créé un séisme dans le seul domaine de l'électronique. Il a aussi commencé à bouleverser les idées reçues dans le domaine des contenus. Lorsque le sucre vient à manquer, les individus le stockent pour en éviter la pénurie. Il en va de même pour les films et les programmes à voir et revoir. La copie dans tous les sens du terme a ainsi pris son envol. Copie à la télévision, copie des cassettes louées dans les innombrables vidéoclubs (près de 5000) ayant ouvert leurs portes. Ikea s'est régalé, en vendant des quantités d'étagères pour aligner proprement des dizaines de E120 ou E180. Au milieu des années 80, GfK dénombre une moyenne de 24 cassettes jamais lues dans les ménages équipés ! Comme il est impossible de protéger les images (et le son) analogiques, le phénomène a pris une ampleur qui a débouché sur la fameuse loi Lang (qui prenait en compte aussi l'audio).

Mais que de volumes, que de recettes, que de promos auront animé points de vente et rayons dans tous les créneaux de la distribution ! Il aura fallu une vingtaine d'années pour qu'un adversaire, nommé DVD, vienne remettre en question la suprématie de ce joujou devenu, au fil des ans, accessible au plus grand nombre. Au confluent des années 90 et du début du nouveau millénaire, alors que l'étiquette du lecteur de DVD était passée d'environ 7.500 francs à "un-neuf-neuf", puis "neuf-neuf", il s'est encore écoulé annuellement de 2 à 3 millions de magnétoscopes dans les rayons de l'Hexagone. Au point que certains auraient pu le croire immortel.

Alors que le streaming (écoute ou visionnage en flux continu) a aujourd'hui commencé à inéluctablement faire disparaître la notion de stockage (à quoi bon enregistrer si l'on peut accéder à tout et à tout moment ?) la montée soudaine de l'impact de l'arrêt du magnétoscope est elle-même symbolique. Elle fera peut-être surgir cette envie d'éviter les pénuries évoquée plus haut. Alors qu'on ne parlait plus de lui, l'enregistreur s'offre un ultime coup médiatique, certains lui souhaitant déjà un futur façon vinyle, une renaissance qui est aussi un subtil souffle du "c'était mieux avant", quand on était plus jeune…

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Tag(s) : #- Téléviseurs-écrans-vidéo
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