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Le mot "industrie" sous-entend aujourd'hui "usines", "emplois", "souveraineté", "équilibres économiques", "dépendance", puissance et même fierté de certains pays... De quoi en estomper le sens originel, et fausser ce qui en découle. Repères...
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- DVSM, 24 juin 2025. Le mot "industrie" figure dans le vocabulaire depuis des époques où n'existaient pas encore ce que sont devenues ces "unités de production", en langage du 20 et 21ème siècles. Il fut longtemps bien loin de se rapporter à une quelconque notion d'entreprise (autre un mot à prendre ici aussi dans un sens très actuel). Substantif ayant puisé ses racines dans de luxuriantes activités qui, dans l'antiquité, se pratiquaient dans la vallée du fleuve asiatique Indus -qui a donné son nom à l'Inde- il a fait référence durant des siècles à "la dextérité", "l'adresse", "l'intelligence", donc l'habileté, le savoir-faire, en somme, le talent que démontraient des individus dans leurs activités, dont on disait volontiers qu'ils "avaient de l'industrie". Il se disait, par exemple, qu'un ouvrier avait "une belle industrie" dans sa tâche, s'il savait l'accomplir avec une virtuosité. Ouvrier ou équipe d'ailleurs, puisque "l'industrie" fut même le mot attribué qualitativement à des militaires face à des missions délicates. Une acception que le Littré, dès l'une de ses éditions initiales, publiée au 19ème siècle, place au tout premier rang du long chapitre qu'il consacre au mot. Et que reprend encore il y a pile un siècle (années 1925), le "Nouveau Petit Larousse illustré. Dans ces ouvrages, les définitions s'accompagnent cependant d'autres notions qui prennent aujourd'hui encore une importance majeure, aux facettes révélatrices. Si les habiletés évoquées sont bien celles des personnes qui travaillent, sans oublier la création de richesses qui en découle, elles sont décrites d'une manière récurrente comme attachées aux aptitudes à travailler des matériaux, des minéraux, des ressources naturelles. Induisant l'hypothèse que les personnes disposent de ces ressources. Et si des ouvriers allaient jadis travailler à la fabrique, à la briqueterie, à la scierie, à la minoterie, à la filature, à la manufacture, dans des ensembles où le travail était organisé collectivement, c'était toujours parce que ces ressources existaient localement. De ce point de repère, il devient facile de comprendre pourquoi certaines régions, du monde ou de pays, ont eu des succès ou des inactions logiques, encore très incidentes sur la réalité industrielle d'aujourd'hui. Surtout à des périodes où les transports n'avaient pas encore pris leur véritable essor (ferroviaire initialement). En Europe, l'Allemagne, par exemple, a bénéficié de ressources naturelles très importantes, qui lui ont permis d'édifier des secteurs d'activité puissants. L'hexagone a été moins bien doté sur ce plan, au point que sous le règne de son inoubliable roi Henri, le quatrième, au destin ravaillaquement tragique, l'important -qui fut, dit-on, exprimé par son ministre Sully- fut gravé dans le marbre : "Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France".*
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Le vocabulaire, à défaut de se présenter en unpassé supposé nous enseigner l'avenir, éclaire au moins le présent. Cette très -et surtout trop- brève promenade dans les mots d'hier est un peu d'une riche histoire qui permet d'en arriver à ce Graal de la réindustrialisation. Des entreprises ayant à une époque prospéré dans les limites de leurs territoires, enrichies de "l'industrie" de chacun de ses laborieux acteurs, ont progressivement rencontré les horizons plus larges, plus lointains, jusqu'à s'étendre à l'immensité d'un monde désormais vue d'une manière plus limitée. "L'industrie" a changé de signification, sans perdre ses fondements. La dextérité de nos nationaux s'est progressivement heurtée à celles de nos voisins. Et elle s'est confrontée progressivement à d'autres dextérités. Une adresse et un talent pour résister à ceux d'autres contrées, ayant réussi à devenir puissants à l'échelon planétaire, est l'enjeu, défi des plus hauts sommets. Il y a bien une "réindustrialisation" à réussir, mais plus proche de la définition originelle du terme. Ce à quoi ne répondent ni les élans, coûteux et sans espoir, pour tenter de rattraper ceux qui déjà ont assis leur réussite (hier, par exemple, les magnétoscopes, aujourd'hui l'IA), ni les modestes initiatives, ces usines "tournevis", rien de plus que des sous-traitances éphémères ne pouvant satisfaire que de petites ambitions locales, appuyées sur des flux un moment nourris des personnels venant chaque jour sur les atomes trompeurs de ces ré-industrialisations de circonstances.
* Cette réalité devrait avoir bien plus d'importance que ne lui en accordent (et donc à son monde agricole) ses hauts responsables. Ses 20% de territoire en plus, par rapport à ceux de l'Allemagne, sa surface deux fois plus importante, à population quasi identique avec le Royaume Uni, sont des repères qui interrogent sur des scores pour certains inférieurs à ceux de pays plus exigus, comme par exemple les Pays-Bas...
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