VILLE, Périphérie, commerce, six décennies qui posent de lourdes questions, sans réponse...

9 Mai 2023

Les 60 bougies qui seront soufflées d'ici quelques semaines pour l'anniversaire de l'ouverture du premier hypermarché sont aussi un symbole très inexact à propos de la désertification du centre-ville, dont les élus furent bien les principaux fossoyeurs.

---DVSM---

- DVSM, 9 mai 2023. Non, la "grande distribution" n'est pas coupable d'avoir transporté les zones attractives loin du centre des villes. 1963, millésime qui a vu l'inauguration du premier hypermarché Carrefour à Sainte-Geneviève des Bois, en région parisienne, est un peu au commerce ce que Marignan est à l'histoire de France. Mais cette vision est presque inexacte. Le concept d'un magasin avec une surface assez généreuse, des chariots et des sorties de caisses avait déjà vu le jour, comme la photo (ci-dessus) datant de 1960 le rappelle. Mais cette remarque est extrêmement anecdotique, car globalement, c'est bien dans le début des années 1960 que les hypers et les centres commerciaux ont amorcé leur conquête du terrain.

- Attention, le point évoqué ne doit pas être confondu avec la périurbanisation, phénomène lié à une forte et rapide croissance démographique. Les nouvelles populations vont élire domicile dans des quartiers neufs en périphéries urbaines, puisqu'ils ne peuvent se loger dans des zones urbaines déjà... occupées.

Pourtant, leur migration hors des villes n'avait rien d'inévitable. Ce sont bel et bien les choix de gestionnaires du "foncier de chez nous", (au sens large, ce que l'on pourrait aussi qualifier d'organisation du territoire) et donc des équipes municipales, qui ont incité à ce que les grands pôles attractifs ne soient pas intégrés aux cœur des villes. Ce qui aurait pourtant permis à un commerce urbain non seulement de ne pas péricliter, mais au contraire de profiter d'un puissant générateur de trafic. Illusion...? Pas tant que cela, même si, aujourd'hui, cette localisation paraît, à la vue des zones commerciales créées au fil des ans, comme une option jadis impossible. Il reste qu'en Europe occidentale, tous les pays n'ont pas suivi cette logique.

L'actualité sur ce thème fait se percuter deux éléments soulignant cette réalité. Si le premier est cet anniversaire bien français qui se prépare, l'Allemagne est aussi à un moment qui retient les attentions. Elle a en effet franchi au cours des 12 derniers mois le cap de 500 grands centres commerciaux (508 exactement, contre 493 un an plus tôt). Et pour l'occasion, des médias d'Outre-Rhin, citant le German Council of Shopping Places (GCSP, Conseil Allemand des Lieux de commerce) soulignent des chiffres qui peuvent étonner sur notre sol. D'une surface moyenne de plus de 32.000 mètres carrés, (le total dépassant 16 millions de mètres carrés) ces lieux de vente sont pour 47,5% en centre-ville, plus de 37% en zones urbaines moyennes, et seulement moins de 15% dans les périphéries. Il faut, avec ces données, tenir compte des réalités géographiques et démographique de ce pays qui, très approximativement, dispose de 20% de moins que la France en surface total de territoire* et 20% de populations supplémentaire comparée à celle de notre part métropolitaine. Cependant, il suffit de parcourir des rues et des avenues pour constater que les enseignes proches de ces centres profitent généreusement des clientèles qui, de surcroît peuvent accéder au moyen de leurs voitures, car siles voies piétonnes sont nombreuses, les parkings à tarifs très modérés parachèvent un ensemble à l'évidence pertinent.

* - Territoire : Allemagne, 356.900 km2, France, 551.000 km2. Population : Allemagne : 83,13 millions d'habitants, France métropolitaine 64 millions. (Cette différence montre à elle seule pourquoi les Français auront toujours un réseau routier plus cher à entretenir que leurs cousins germains. Avec la même densité de population qu'outre-Rhin, la France compterait plus de 128 millions d'âmes -sans les populations des DOM-TOM- et se placerait même devant le... Japon en "puissance économique", expression souvent utilisée d'une manière mal adaptée, et le serait par "puissance de consommation).

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