Les initiatives qui semblent les plus généreuses ont aussi un revers à leur médaille. Faire durer les "vieilles choses" est à bien des égards davantage une erreur élémentaire qu'un réel bienfait.
- DVSM, 24 septembre 2022. C'est devenu le discours omniprésent, vantant les mérites de ce qui ressemble à la bonne action quotidienne, la BA de ceux qui sont toujours prêts à bien faire et surtout à bien le faire savoir. Prolonger les équipements, réparer, plutôt que de jeter. C'est tendance, voire mode. Fondamentalement, cela passe pour une excellente attitude, une louable résistance au gaspillage, laquelle a pourtant au moins un inconvénient qui semble échapper à l'œil de l'observateur trop superficiel. Prolonger la vie de certains équipements revient tout simplement à limiter le volume des productions industrielles. Ce qui est diamétralement opposé à la volonté de faire renaître une industrie qui s'est évaporée au fil des ans, notamment sous l'influence du fantasme qui se voulait malin d'une industrie sans usine, si souvent exprimé il y a quelques décennies. A l'heure où, vieillissement des populations consommantes aidant, surtout en occident, en plus des phénomènes de saturation, le demande s'évère au mieux en stabilité, voire moins, cette feuille de route n'est guère pertinente.
Notons d'emblée que cette remarque n'est pas en contradiction avec les initiatives prises il y a quelques années pour le recyclage, que tout consommateur associe désormais aux bacs verts d'Ecosystem (pour les "déchets" de l'électronique notamment, il existe d'autres Eco-organismes pour d'autres domaines), bien visibles dans la quasi-totalité des lieux de commerce. L'essentiel de la démarche consiste à éviter que des équipements ne se retrouvent perdus dans la nature, à récupérer et recycler des composants et des matériaux à ne surtout pas laisser se perdre dans le sol ou les napes phréatiques. Une action qui comporte effectivement la remise en état d'équipements pouvant encore être utilisés dans de bonnes conditions, accessibles à des personnes aux ressources faibles.
Mais en revanche, la conservation de matériels au-delà d'une certaine durée de vie en fait entrer l'utilisation dans une impasse écologique caractérisée. En effet, les industriels n'ont cessé, depuis des années, de rendre leurs fabrications de plus en plus économes en tous points. En consommation électrique, notamment. Cela porte même sur ces fameuses mises en veille dénoncées comme très énergivores (tous les chiffres, justes ou idiots, se bousculent aux portes des médias), et qui le sont pourtant de moins en moins. En gros électroménager, les progrès accomplis sont non seulement spectaculaires en consommation électrique, mais aussi, par exemple, pour les volumes d'eau utilisés. Au point qu'il est devenu plus économique de faire une (grande) vaisselle avec un équipement récent qu'à la main. Il en va de même pour l'automobile. Un véhicule de fabrication récente consomme beaucoup moins qu'un modèle ayant déjà roulé 10 à 12 ans, ce qui est pourtant l'âge moyen du parc en service. Avec de surcroît un paramètre fort mal évalué à propos des véhicules électriques. Lourdement chargés de leurs batteries, environ 300-kg pour une citadine, 600 pour une Tesla haut de gamme, celles-ci déplacent en réalité et en plus de leur chargement réel l'équivalent de 4 à 8 adultes. Des chiffres à ajouter à la production, l'acheminement et l'utilisation de l'électricité (donc en tenant compte des rendements successifs de la chaîne). Il est probable qu'un diesel moderne est plus économe (et moins polluant) qu'une électrique de calibre comparable. Si faire durer peut donc apparaître comme une attitude écologiquement citoyenne, ce choix du prolongement est à opérer avec parcimonie, à... utiliser avec modération.