Jour après jour, le monde se recompose, sous des influences dites géo-politiques, cela sans jamais se dissocier ni des paramètres économiques ni des lois du nombre. Le temps passe vite et estompe l'ampleur de certains basculements.
- DVSM, 28 février 2021. - l'Edito d'Yves Dupré - En imaginant que, auprès en avoir terminé avec ses promenades terre-lune à hauts risques, l'équipage d'Apollo 13*, armé d'une vision panoramique révélatrice des authenticités terriennes, se soit retrouvé aux affaires de notre belle terre, ils n'auraient certainement pas manqué de renouveler l'appel qu'ils avaient adressé au centre de contrôle lorsqu'un délicat problème venait de surgir à bord de leur véhicule céleste. "Nous avons un problème" n'est cependant plus une formule qui ne concerne que trois humains dans une capsule en route vers le domicile de l'ami Pierrot, mais bel et bien un constat partagé, consciemment ou non, par les quelque 7 à 8 milliards d'individus provisoirement installés sur notre planète bleue. Et ce problème, c'est la Chine. Ou encore, le reste du monde, face à ce géant émancipé.
L'histoire du monde a basculé lors de l'effondrement de l'URSS. Le plus grand nombre s'est contenté de voir dans cet épilogue le naufrage annoncé d'un système non viable. Les observateurs plus attentifs y ont décelé la nouvelle donne d'une planète soudain dépourvue de l'équilibre qu'établissait le face à face aux accents pas toujours sympathiques baptisé Est-Ouest par tous les chroniqueurs. La crise du coronavirus a révélé au grand jour et sans ménagement quelques effets aigus d'une redistribution des cartes que certains pensent encore pouvoir décrire seulement dans des errements à la française, d'autres dans une sévère perte de ses moyens par l'Europe, et qui se manifeste en réalité tout autour du globe. Qu'on le veuille ou non, la loi du nombre reste incontournable. La préfecture l'emporte sur les villages, la capitale sur les préfectures, les grands pays sur les petits. L'Hexagone, première puissance économique mondiale à l'époque de Louis 14, en était aussi la nation la plus peuplée. Seule éventuelle parade à cette arithmétique simpliste, une attitude belliqueuse, largement utilisée par la Russie de l'ère soviétique, ou aujourd'hui par la Corée du Nord.
Ainsi donc, la Chine et sa population ont doucement gravi les échelons de la puissance économique, alors que dans le même temps, les moyens techniques ont achevé les aptitudes du genre humain à atteindre le point le plus éloigné de la planète en quelques secondes, avec des télécommunications pour sons, images et données accessibles à tous, et physiquement, pour les individus et les biens, en quelques heures tout au plus (l'aérien fret et passagers démocratisé). Les USA, sous prétexte d'une possible intrusion chinoise de ce qui ne regarde que les Américains, se protège d'un concurrent, Huawei, et par entraînement, du Roquefort. La France panique à l'idée (aussi juste que concrète) de voir son industrie de l'automobile ployer sous l'irruption d'une production chinoise. L'UE s'inquiète de voir les vaccins chinois prendre pied en Afrique, en échange de données supposées précieuses. Les signes de perte des repères sont multiples, tendant vers l'infini.
Mieux vaut un fou allié qu'un sage ennemi. L'une des constantes les plus présentes de ces temps devenus compliqués est que les priorités se mélangent, s'entrechoquent, mais aboutissent toujours ou presque au même point focal, Pékin et son vaste empire. Alain Peyrefitte, nous a laissé il y a presque un demi-siècle un ouvrage aux relents prémonitoires, l'un des rares à avoir sa profonde et suffisante qualité de messager par son seul titre : "Quand la Chine s'éveillera". C'est fait.
* James Lovell, aujourd'hui 92 ans, John Swigert, décédé prématurément d'un cancer à 51 ans en décembre 1982), à et Fred Haise, 87 ans.
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