MUSIQUE : la peine "pandémique", interminable, s'ajoute à la cruelle peine "numérique"…

De nombreux métiers sont depuis des mois fortement pénalisés par les mesures liées à la pandémie. Pour l'univers de la musique, les circonstances s'ajoutent à un contexte qui rend celles-ci encore plus désastreuses. Voici pourquoi.

- DVSM, 6 janvier 2021. On l'appelle globalement "spectacle vivant", immense secteur d'activité que les mesures destinées à ralentir la propagation du virus ont mis à genoux depuis des mois. Signe particulier, le secteur de la musique se voit en cela infligé une sorte de double peine. En effet, en moins de 10 ans, ce métier a perdu une énorme part de ses recettes liées à l'édition phonographique. Le streaming n'est certes pas totalement sauvage et assure quelques rétributions aux acteurs de cet univers. Lesquelles sont cependant sans commune mesure avec ce qu'ils auraient pu engranger dans "le monde d'avant" via la vente de disques, laquelle servait de fil conducteur à un enchaînement entre sorties de disques et organisation de tournées et concerts. En somme, tout un métier, déjà gravement désarticulé. Pour véritablement nourrir leur activité, la scène est devenue (ou redevenue)* le principal vecteur économique de leur activité. Il faut d'ailleurs se garder de ne penser qu'aux vedettes et super stars privées des cachets de leurs grands concerts. Ce sont aussi des milliers de musiciens, de techniciens qui gèrent le son, l'éclairage, les mises en scènes, les acheminements, l'entretien et la maintenance des instruments, ou même la manutention**. Ceci sans oublier tous les secteurs liés à l'organisation, la billetterie (incluant la distribution), le circuit des salles… Dans des circonstances de confinement comparables, une vie de la "musique éditoriale" non tronquée aurait pu assurer un minimum ou, pour mieux décrire la réalité, épargner une fraction des déboires découlant des mesures sanitaires.

Versant équipements pour le public, cette musique est aussi et depuis des décennies l'un des moteurs essentiels (aux côtés des images) de la vie de l'électronique et du numérique. Pour résumer, l'EGP, c'est tout un pan de la culture à la maison. Depuis les bons vieux Teppaz jusqu'aux équipements Hi-Res les plus au top du top des techniques digitales, en passant par la hi-fi, les baladeurs, les lecteurs de CD, les cassettes, et les innombrables concerts "live" qui peuvent être suivis sur YouTube et compagnie, c'est une longue et riche histoire. Qu'aurait été le destin de ces produits sans cette ruche de créateurs et exécutants en permanente effervescence…? Une ruche à présent réduite au silence et aux recettes purement et simplement devenues nulles. Il est tout à fait normal de considérer comme gravissime la situation dans laquelle se trouvent les restaurants, les bars, les salles de sports, les cinémas. Il serait équitable d'un peu mieux mettre en lumière toute ce domaine qui va de la petite chanson aux œuvres lyriques et symphoniques les plus magistrales (sans oublier le jazz), domaine dans lequel se trouvent des intervenants qui, intermittents ou actifs par phases, liées à la nature même de leur profession, n'ont même pas les aides et soutiens dont beaucoup d'autres bénéficient.

* Comme avant l'explosion du disque, lorsque la scène était la véritable et même seule ressource des professionnels.

** Qui n'a jamais donné un coup de main pour l'acheminement sur scène d'un simple orgue Hammond, environ 200 kg, nécessitant 4 personnes en bonne forme pour une mise en place...!   

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