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Les techniques numériques se sont appropriées des termes qui, à cause de la présente pandémie, deviennent aussi rudes qu'anxiogènes, et par certains côtés trompeurs.

- DVSM, 18 avril 2020. Quand des sciences ou techniques nouvelles apparaissent, elles sont en général dépourvues de tout vocabulaire. Le réflexe consiste alors à utiliser dans leur domaine des mots venus d'ailleurs. Ainsi, aux premières heures des chemins de fer, les voyageurs devaient se rendre à "l'embarcadère", bien avant de songer à rejoindre la gare. L'aéroplane n'a pas trouvé meilleure parade, résigné à se contenter de l'analogie un peu bateau d'où naquit "l'aéro… port". Dans son édition de 1927, le nouveau petit Larousse Illustré dit d'un parasite qu'il est "celui qui s'est fait une habitude de manger chez autrui", définition accompagnée de l'allusion aux "insectes parasites", ces intrus qui font tant de dégâts dans les cultures en s'y propageant et en s'y nourrissant. Finalement assez loin des craquements perturbant la réception de la jeune TSF. Les innovations venues de l'étranger ont quant à elles engendré des importations plus ou moins sauvages de mots indispensables pour des usages inédits. Si l'automobile a de solides racines sur le vieux continent, c'est sur le sol américain que son utilisation massive s'est initialement développée. Plus que le parcage ou l'aire de stationnement, c'est le "parking" qui est, par contamination transocéanique, entré dans le langage usuel.

 

Dans le numérique, cette transhumance du vocabulaire s'est spectaculairement amplifiée, sous l'influence de développements à vitesse vertigineuse. Depuis le "bug", analogie à l'insecte se glissant entre les contacts des composants, générant un court-circuit gravement perturbateur du fonctionnement de toute logique (numérique), le courant s'est largement amplifié. Ce n'est pas par la technique, mais par son utilisation que le pire est arrivé : le virus. Un parasite indésirable inamical qui, sur la toile, a été volontairement créé tout net pour propulser d'authentiques larcins et une panique généralisée. Mais finalement, même si dans son immense variété, il paraît redoutable, le voilà désormais bien moins effrayant que celui dont découle l'actuelle pandémie, bien réelle, sans qu'au bout du compte, un nettoyage total de disque dur ne suffise à s'en débarrasser.  L'expression "attaque virale" dédiée au monde digitalisé devient une simplification de langage soudain moins supportable, tout comme la notion de "fichiers infectés". Dommage que l'élimination définitive du Covid-19 ne soit pas aussi simple et indolore que celle de nos bobos numériques !

 

 

 

Tag(s) : #- A la Une, #- A cause du virus...
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