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Entre distribution et industrie, des similitudes pénalisantes pour l'activité semblent être soudain mises en lumière, dont une, moins clairement dénoncée, réside dans des méconnaissances tant du public que de nos plus hauts décisionnaires.
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- DVSM, 3 novembre 2025. Entre le rêve et la réalité, la distance peut paraître étroite. Pour de nombreux acteurs du monde politique, aux affaires ou œuvrant pour le devenir, sortir le pays de son Pot-au-Noir repose sur la restauration d'un tissu industriel dense et actif. Jusque là, c'est bien vu. Il serait juste d'ajouter qu'il en irait de même pour un tissu commercial replacé dans un contexte identiquement favorable. Pourtant, il apparaît que si, dans l'actualité récente, le différentiel entre les usines mises en fonction et celles perdues est très commenté, le parallèle avec les magasins ayant baissé leur rideau de fer ou ceux qui réduisent fortement leurs surfaces se fait particulièrement discret. Certains n'en sont encore, dans leurs analyses, aux regards attristés, portés sur des centres de villes désertés, ignorant (le terme est réellement le bon) les galaxies de cellules* vides donnant des airs lugubres à tant de nos galeries marchandes. Il n'est pas inutile de rappeler que la distribution, durant des décennies, a été le plus important générateur d'emplois pour l'Hexagone. Des lecteurs pourraient alors s'interroger... (* ou "locaux commerciaux")
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Quel rapport insolite peut-on établir entre l'industrie et tous ces magasins...? Bon sang, mais c'est bien sûr, il est bien difficile de citer des produits vendus dans les rayons ne provenant pas d'une filière industrielle, incluant bien sûr l'agro-alimentaire, le textile (ou "la mode"), les biens d'équipement, enfin tout... Y compris, d'ailleurs, ce qui peut arriver à destination (l'usage) soit par le cheminement direct entre canal de distribution et utilisateur, soir par le biais d'un maillon de service. Les tuiles posées par le couvreur, la salle de bain et les tuyaux du plombier, la cuisine du cuisiniste, les portes et fenêtres isolantes, le disque d'embrayage et les plaquettes de frein en remplacement chez le garagiste... tous sont bien des fruits de la production industrielle. Comme, y songerait-on, la laque chez nos coiffeurs et barbiers, les médicaments délivrés en pharmacie, et les avions, de chasse pour l'armée, jets privés pour ceux qui en ont besoin (dont les transports sanitaires) et plus gros porteurs...? En bref, tout ce qui, au terme de l'enchaînement économique, arrive à un consommateur, individuel ou collectif.
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Retour vers cette usine, que tout ministre imagine sortant de terre et lui garantissant, par le ricochet de l'emploi dit "plein" et le truchement d'une économie radieuse, son élection dans un fauteuil lors de la prochaine consultation. Impossible de ne pas comprendre que si tout ce volet "aval" déjà évoqué ne tourne pas comme une horloge, le volet "amont" ne peut que coincer. Hélas, pour ceux qui caressent le rêve (ou fantasme) de voir des usines non pas fermer, mais ouvrir comme les jonquilles au début du printemps, constatons que nous sommes bel et bien au cœur de l'automne. (Industriellement, commercialement et donc économiquement et socialement parlant...) Moment charmant, qui suscite l'admiration de ces jolies feuilles ocres qui tombent, en oubliant qu'elles meurent. Froidement. Et que pour voir les bourgeons revenir, il faudra du temps, et peut être d'abord subir pire que l'automne, les rigueurs de l'hiver. On ne reconstitue pas un tissu industriels "comme ça", par une simple et quasi puérile volonté politique, par un claquement de doigt, par un y'a qu'à...
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Comme une belle surface de vente, l'usine n'est avant toute chose qu'un instrument éphémère. Elle devient vite, trop vite, obsolète. Chacun a sans doute conscience de ce que les automobiles (puisque cette industrie est au centre de nombreuses chroniques et polémiques) aujourd'hui ne sont plus celles d'il y a 15 ans. Et qu'elles ne se fabriquent pas davantage comme elles se fabriquaient il y a entre une et deux décennies. L'usine n'est d'ailleurs que l'étape ultime qui suit le long périple où se succèdent les études de marché (et de la concurrence), la conception des produits à venir, la mise en place des sous-traitances (tout industrie étant le plus souvent une activité d'assemblages), la préparation matérielle de la production, puis de la commercialisation au concret, et donc un travail étroit avec les réseaux distributeurs. Confidence.: ce parcours, ici singulièrement simplifié pour un narratif pas trop indigeste, paraît long. Pour ceux qui s'y consacrent jour après jour, il apparaît en général bien plus comme diaboliquement indissociable d'une urgence permanente et vertigineuse. Dans ce déroulé, les petits et gros perturbateurs à effet retardant sont peu appréciés.
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C'est dans ce détail qu'un parallèle de plus entre industrie et distribution apporte son surcroît d'agacement. Quel que soit le projet de réalisation, les commissions de ceci, les normes de cela, et les associations de l'éternel refus permettent d'allonger les délais souvent bien au-delà du raisonnable et du viable. Qui n'a suivi des projets de centres commerciaux tant "poireauter" dans ces méandres peu ou prou réglementaires et protestataires débouchant sur des mises en activité très tardives, dans des zones de chalandises dont la configuration avait largement eu le temps d'évoluer...? Même constat pour des installations industrielles, comme le déplorait très récemment dans une longue interview Carlos Tavares, ex-patron de Stellantis. Dans Les Echos de ce jour, est évoquée une usine "putative" -mais construite, dans l'Est du pays-, pour un Huawei qui, finalement, ne produira pas les produits 5G qui devaient y éclore. A la grande satisfaction, probablement, de tous ceux qui se régalent de cet éloignement d'un infréquentable outsider chinois (mais crient au scandale protectionniste quand nos cousins d'Amérique ne veulent pas de nos délicieux fromages fermentés).
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