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L'aventure devenue mésaventure des désormais célèbres 61 kilomètres de l'A69 met en surbrillance un handicap redondant du pays, ses sempiternels retards, pour mille mauvaises raisons, qui transposent hors du temps de nombreux projets...
---DVSM---
- DVSM, 28 février 2025. "ZAD is the question...!" pourrait-on ironiser, suite à la décision juridico-administrative bloquant soudain le chantier de l'A69, entre Toulouse et Castres. Juridico-stupide pourrait-on ajouter, puisque le "projet" perd sa validation alors que les travaux sont largement avancés... Occupant une place de choix dans l'actualité du moment, cette péripétie, outre ses facettes ponctuellement lamentables, souligne un détail sans doute trop peu évoqué. Le projet de cette liaison remonte à au moins un quart de siècle, et même sans doute un peu plus, car il n'y a pas d'initiative de ce genre prise sans qu'elle soit évoquée auparavant. Il serait passible de multiplier les exemples de ces grandes réalisations qui, suite à des interminables phases de palabres, mettent non pas des années, mais des décennies à se concrétiser*. Qui se rappelle que le périphérique parisien en a lui-même nécessité trois (décennies) pour être enfin achevé (avec un moins un tronçon -sud-est-, le plus ancien, où le nombre de voies est insuffisant et provoque quotidiennement des bouchons en amont). Dans ce sens, la France avait maintes fois et historiquement fait "mieux". Par exemple, il a fallu environ deux siècles pour que le Canal de l'Ourcq** soit enfin creusé et mis en service, sous les ordres de Napoléon Bonaparte, qui souhaitait -et a obtenu en quelques années de travaux seulement- que l'eau jaillisse dans les jardins et des fontaines de la capitale pour son impérial couronnement. Les temporisations, également souvent liées à des bouclages de financements, conduisent à des surcoûts inévitables. Et surtout, les réalisations surviennent lorsque les motivations et les conditions ont profondément changé. A l'approche de l'an 2000, alors que l'économie était ronflante dans l'Hexagone, la liaison autoroutière de la région toulousaine apparaissait bien en adéquation avec les critères éco-conjoncturels du moment. Il n'en est plus de même aujourd'hui, alors que l'ampleur de la dette est devenue vertigineuse, que la démographie est en repli (et va poser des problèmes que les prévisionnistes semblent peu pressés de souligner), la nécessité de cette liaison n'est plus identique à ce qu'elle fut. Toujours impératif, ne serait-ce que pour desservir comme il se doit une importante zone industrielle, l'aménagement serait peut-être plus pertinent désormais en l'appuyant sur une large adaptation de la nationale existante, avec passage en deux fois deux voies, réalisation de quelques ponts pour éviter des intersections à risques élevés, mais avec des travaux moins lourds et moins coûteux, moins d'acquisition foncières, etc... pour un trajet relativement court (gain de temps comparable). Hypothèses naturellement hors sujet puisque, comme déjà souligné, les travaux sont déjà avancés, et qu'en outre, c'est une ZAD pour raisons écologiques (autrement plus importantes que le bon fonctionnement d'une industrie...) que le tribunal administratif vient de tout bloquer. Pour combien de temps...?
* La distribution connaît ce handicap des délais interminables, qui se traduisent par des réalisations finalement possibles quand les conditions de commercialité ont évolué.
** En savoir plus, le Canal de l'Ourcq : il relie la capitale à Silly-la-Poterie, près de La Ferté-Gaucher (nord-est de Paris) sur 106 km. Son chemin de halage est devenu la Piste de l'Ourcq, superbe parcours pour cyclistes amateurs de balades (sans la moindre côte) qui part du Bassin de la Villette, passe successivement à Bondy (ex-Siège de Darty, et premier arrêt de Louis XVI dans sa fuite vers Varennes, "patrie" de Mbappé), puis dans le parc de la Poudrerie de Sevran (seule subsistance boisée de la Forêt de Bondy, et également "friche industrielle" de la poudrerie royale devenue Nationale). La piste passe ensuite à Claye-Souilly, seconde halte des fuyards vers Varennes -changement d'attelage au relais-poste-. Du côté de Trilbardou, a été édifiée un système de remontée des eaux, dite "usine", à voir, puisant dans la Marne ce qui, une fois remonté, alimente le canal (si besoin). Et ainsi de suite, un tourisme francilien qui vaut le détour...
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