Le laboureur n'a plus d'enfant. En sourdine, le remue-ménage couve à nouveau. Parce que, fondamentalement, certains repoussent d'emblée l'idée, même très timidement murmurée, de travailler plus, même un tout petit peu plus.
- DVSM, 29 septembre 2022. Au chapitre des perturbations de la vie quotidienne et au-delà, la liste est nourrie. Inutile d'en dérouler le long chapelet. Même le coronavirus, dans ses innombrables variantes, ne dort sournoisement que d'un œil. Depuis des décennies désormais, un souci plane sur le financement des retraites. La cause en est, à première vue, l'allongement de la durée de vie moyenne, découlant sur une vie post-professionnelle plus longue. En y regardant de plus près, un autre écueil s'ajoute, celui d'un vieillissement de la population, les jeunes générations étant moins nombreuses, donc moins nombreuses aussi pour cotiser et remplir les caisses (de retraites). Au risque de multiplier des contre-vérités si grosses que personne n'ose les relever, quelques personnalités de la sphère syndicale nient en bloc ces faits arithmétiquement incontestables. Mais sans doute, il est vrai, fort mal abordés par les pouvoirs successifs. D'ailleurs, l'évocation des réformes nécessaires mais non réalisées par les décideurs successifs ne sert plus que de bouclier d'excuses aux pouvoirs en place pour ne rien essayer ou franchement entrer dans le vif. Et trancher.
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A l'heure du numérique, la perspective de se retrousser les manches est-elle devenue intolérable ? Les moins jeunes, bébés boumeurs devenus seniors, ont pourtant à l'esprit une double réalité. D'une part, globalement, on travaille nettement moins maintenant qu'il y a un bon demi-siècle. Bien avant les 35 heures, l'ampleur de la vie travaillée avait déjà reculé. (Qui se rappelle d'un André Bergeron, alors à la tête de FO, annonçant dans les années 70, avec un peu d'imprudence et d'imprévoyance, que "le moment est venu d'accéder à une cinquième semaine de congés payés"-?) Pas étonnant que certains de ces jeunes -ou presque- seniors s'étouffent quand ils constatent les refus par anticipation -courroucée-!- dès que s'esquisse l'idée selon laquelle, à défaut de travailler plus, il serait déjà louable de retravailler un peu, pas plus, autant avant. D'autre part, les conditions de travail, même dans les tâches dites pénibles, se sont améliorées, grâce notamment au matériel et aux réglementations. Comment travaillera-t-on dans quelques années, alors que la technique et les initiatives vont bon train-?
Parce que tant de choses se sont produites depuis l'automne 2019 (et durent encore), les mémoires s'émoussent. C'est pourtant la longue période trouble, enchaînant l'épisode des gilets jaunes et les grèves et tourments sur fond de projet de réforme des retraites du dernier trimestre) qui revient dans le champ visuel de ces prochaines semaines. Avec, pour une distribution déjà très handicapées, des soubresauts aux conséquences majeures en perspective, voilà qui risque de pénaliser encore un peu plus non seulement la vie des enseignes, mais l'activité économique dans son ensemble. Ce qui n'est en outre pas bon du tout pour le financement des retraites. Cher Jean de la Fontaine, ton "travaillez, prenez de la peine" est devenu un message subversif...! Y.D.