COMMERCE : du boulanger d'hier au pain d'aujourd'hui, face aux chiffres du quotidien...

1 Novembre 2025

Depuis des motivations sincères de consommateurs profanes jusqu'à quelques réalités insoupçonnées, même dans l'esprit de supposés économistes, pénalisés par une inculture du concret sans aucune limite...

---DVSM---

- DVSM, 1er novembre 2025. "Moi, je préfère continuer à acheter mon pain chez le boulanger du coin". Voilà une préférence souvent exprimée sur les réseaux sociaux. Peut-être, mais ce boulanger là, celui qui, un peu couvert de farine, était au travail dès 2.heures du matin, pour servir au lever du jour un pain croustillant encore plus que tiède, ne s'en sort plus... Pour contrer ce qui évolue autour de lui, son établissement doit devenir un lieu où "snacker", boire un rafraîchissement, manger un "en-cas", s'asseoir quelques minutes. Il élargit ses gammes, adhère à des groupements. Il se franchise La Mie Caline, ou va devenir un des maillons de cette dynamique (et plutôt bien conçue) Maison Bécam en plein développement. C'est ça, ou disparaître.

On peut reprocher à certaines grandes surfaces, ennemis trop faciles du petit commerce, de ne pas vendre la baguette assez cher. Mais que penser de ces innombrables citoyens qui, plutôt que d'aller jusqu'à cette boulangerie "du coin", sans se sentir coupables d'aucun abandon, vont chaque jour glisser une pièce dans l'autre destructeur de "la boulange" d'hier, le distributeur automatique...? Et puis, le rapport au pain n'a-t-il pas changé, lui aussi...? Tout jeune gamin, dans les années 1950, se faisais sermonner : "Mais ne mange donc pas sans pain...!" Sous-entendu, ce qui est dans ton assiette ne va te faire aucun profit. Docile, le quidam a depuis compris une autre leçon. Le pain, ça fait grossir, attention, surpoids, obésité...! Leçon perdue dans le burger… Le pied-de-nez au symbole de chez nous, la baguette, accessoire qu'à Hollywood, pas un cinéaste n'oublierait pour bien montrer que cet Européen vu sur la toile est celui qui ne cesse de brandir son drapeau bleu, blanc et rouge...

Dans les années 70, un boulanger du sud de la France avait lancé, un quasi scandale, "la baguette à 1 franc...!". Coincée dans une lutte contre l'inflation (à cause du pétrole, pas du pétrin), la baguette a dû se réinventer. Pour échapper au prix encadré, administré, elle s'est entourée de sa version "fantaisie", ou campagne, ou tradition, ou... etc. Autant de variantes au tarif libre. Car, pour que la comptabilité d'un établissement de boulangerie ne se perde pas dans un rouge définitif, il lui faut une marge. Cher client, vous qui adorez la baguette de votre "boulanger du coin", imaginez seulement, en somme concrète, le montant de la marge qui ressort de la vente d'un pain à 1 ou même 2 euros...? Combien faut-il en vendre pour payer la boutique, les présentoirs, l'éclairage, le chauffage, la propreté (surveillée...), les impôts locaux, l'électricité du four, le salaire et les charges d'un ou deux employés, le salaire du boulanger... Allez, calculette à la main, dites un chiffre... Voilà, soit dit en passant, des évaluations qui semblent échapper à bien des ténors des médias, qui sont économistes tout comme l'auteur de ces lignes est évêque, et deviennent de redoutables influenceurs du monde politique. Lequel, il faut le reconnaître, est quotidiennement confronté, lorsqu'il est "aux affaires", à la nécessité de trouver de quoi régler très concrètement, par chèques ou virements, ce que l’État doit, au sens le plus simple. Il n'y a pas de petites économies, dit une maxime connue. Il pourrait bien y avoir de petits économistes...