MOBILITÉS : deux siècles de chemin de fer, assez pour en avoir largement fait évoluer l'usage.

18 Juin 2025

Si fêter deux siècles de chemin de fer semble s'appuyer sur une datation arbitraire, ce moment peu évoqué en France mobilise le Royaume Uni, où l'année 2025 est celle de centaines d'événements commémoratifs. Pour une raison très précise.

---DVSM---

- DVSM, 18 juin 2025. "Attention au départ, fermez les portières" n'est déjà plus une annonce entendue sur les quais. Il y a bien longtemps que les portières se ferment automatiquement, bien longtemps aussi que le train, pour les voyageurs, a pris une place nettement moins incontournable que par le passé, pour qui se déplace. Il reste cependant très utilisé, et est un sujet idéal pour mille et une controverses, sur toutes les facettes de son utilisation. Outre-Manche, autre décor. Car pour les transports de voyageurs, l'histoire du train y est sur une, et même sa terre natale, ce qu'il est impossible de contester. Certes, les "premières", expériences, essais, et autres initiatives peuvent en placer des départs historiques en plusieurs lieux et dates. Mais c'est bien en 1825, sur cette terre britannique, qu'a été lancée la toute première liaison ferroviaire pour le public. Et dès lors, sous le titre "Railway 200", c'est non la fête, mais les fêtes... Des détails sur cette facette festive ont été évoqués sur le KELEREPUS.EU, (à lire ou relire ICI). Toutefois, cette longue trajectoire du rail est une part non négligeable de l'épopée de l'homme sur terre. Il est bien connu que son déploiement a été le facteur ayant fait bouger les individus, un moyen de "communication" qui faisait exploser les déplacements dans leur durée. Il fallait presque 10 jours pour aller de Paris à Marseille par les moyens ancestraux, hippomobiles, voies d'eau, temps réduit à une dizaine d'heures grâce au train. Lequel ne s'est pas mis en service instantanément, son installation ayant eu pour conséquence la constitution de corps sociaux aux prolongements considérables, largement au delà de cet univers ferroviaire. Toute cette histoire est bien connue, et pourtant, quelques paradoxes semblent moins attirer les attentions que jadis.

Comme par exemple le fait que durant un siècle environ (années 1820-1830 jusqu' 1920-1930) le chemin de fer fut le mode quasi unique pour le voyage, l'automobile, en gestation depuis la fin du 19ème siècle, ayant elle aussi mis quelques décennies pour se propager -et même un peu plus pour devenir "à la portée de tous"-. L'avion s'est développé à un rythme quasi similaire, mais son ouverture au plus grand nombre, et sa concurrence sur le rail, n'ont fait leur apparition qu'au confluent des années d'après-guerre 39-45. L'idée du "service public", la notion de désenclavement, sont indissociables de ce long parcours en qualité de moyen quasi unique de parcourir petite et longues distances.

Autre point, le chemin de fer s'est développé bien avant d'autres conquêtes techniques dites modernes. Ainsi, avant les dernières années du 19ème siècle, point d'électricité ou si peu. Quand, dans les années 1850-1860, les convois, par prudence, furent limités par décret à 100, voire 120 km/h (déjà), l'éclairage des voitures* et leur chauffage étaient encore confiés à des énergies en vogue à l'ère de la lampe à pétrole. Le long des voies, la signalisation était totalement mécanique, les équipements (les sémaphores, les carrés, les losanges, les disques rouges, étaient depuis des stations activés par des kilomètres de câbles installés le long des voies. Les habitués de ces pages ne nous en voudront pas de ne pas illustrer ces propos avec des photos d'époque. Nicéphore Niepce, inventeur (français) de la photographie en 1826 -autre anniversaire à prévoir- n'a pas vu ses daguerréotypes se muer en prises de vues accessibles à tous avant la fin de ce -décidément très riche en innovation- même 19ème siècle. Restent les oeuvres des artistes peintres et dessinateurs, et qui part à leur recherche ne sera nullement déçu, face à une moisson prodigieuse.

* Ne dites "wagons" que pour les bestiaux et les marchandises. Pour les humains, ce sont des voitures.