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Où va-t-on...? C'est la question qui ne peut appeler aucune réponse solide. La presse, habituée à relater ce qui s'est déjà produit, est sur-sollicitée pour raconter l'actualité du lendemain matin. Est-ce bien raisonnable...?
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- DVSM, 9 avril 2025. "Attendez-vous à savoir..." était la formule exquise de Geneviève Tabouis, chroniqueuse politique légendaire dont seuls les auditeurs ayant déjà pas mal vécu se souviennent. L'une des plus célèbres journalistes de toute une époque, apte jusqu'à en être virtuose à la collecte d'intimes révélations du monde politique, savait bâtir des hypothèses et les traduire dans des rendez-vous TSF suivis avec attention. Toutefois, elle avait l'avantage d'évoluer dans un univers où l'info comme la rumeur ne se déplaçaient, outre le bouche à oreille, qu'à la vitesse d'un cuivre téléphonique limité à de basses fréquences audio exigües, et d'ondes radios soumises au fading et à un effet Luxembourg leur donnant une inimitable teneur quasi surnaturelle. Aujourd'hui, l'analyse étant devenue soudain plus compliquée, sous l'impulsion d'un coup de vent trumpêtueux, elle devrait se propager avec la célérité des réceptions satellitaires ou des meilleurs débits fibrés. Sauf que, pépin, même l'IA la plus aboutie ne permet pas, et ne permettra sans doute jamais, d'anticiper à une vitesse supérieure à celle de la lumière ce qui va surgir demain, dans une heure, ou pendant que vous lisez ces lignes, de l'imagination bouillonnante d'un président à la fois fraîchement et chaudement élu. C'est ainsi que les petits enfants de l'illustre Geneviève, dans les impératifs d'une instantanéité numérique, se retrouvent face à des questions auxquelles les réponses ne sont que suites d'interrogations. Même les experts, économistes, politiques, s'abstiennent de visions à long terme, ce dernier ne dépassant pas le quart d'heure. Il reste que si l'effervescence nerveuse domine la planète, c'est bien parce que les agitations américaines viennent de placer dans un contexte inédit des pans considérables d'un monde qui se croyait en vitesse de croisière. Il devient même presque futile de s'attarder sur ces faiblesses des uns ou des autres, jusqu'ici plongées dans un confortable déni, soudain mises en lumière violente. De fil en aiguille, les échanges pourraient se métamorphoser. Et les capitaines dans leurs cargos chargés de conteneurs, comme les commandants de bord des gros porteurs de fret, se demandent soudain s'ils vont devoir raccrocher leurs vestes richement galonnées. Certains titulaires de la carte nationale d'identité des journalistes professionnels (dite familièrement "carte de presse") en arrivent à jalouser leurs confrères seulement spécialisés dans les compétitions sportives, les courses de chevaux ou la météo... Leurs compétences reposent sur des incertitudes moins volubiles. Quand une dépression arrive sur l'Atlantique, on sait qu'elle arrivera sur le continent et que ses effets seront passagers. Mais si la dépression est économique et financière...!
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