"GRANDE distrib", l'insulte...? Faut-il que le public sache mieux comment tourne le commerce...?

C'est souvent avec une pointe d'hostilité que sont évoquées les grandes surfaces, synonymes d'assassines du "petit" commerce, monstres géants et inhumains, que l'Hexagone aurait de surcroît imprudemment propulsés vers la terre entière... On se calme...!

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- DVSM, 31 mars 2025.  Ne prêterait.-.on qu'aux riches, même en matière d'intentions...? La plus commune des réalités agissant dans l'esprit du citoyen profane est une immense méconnaissance de ce qu'est le commerce, comment il fonctionne, ce qui l'anime, ce qui le tue. Comme tout ce qui est grand et nouveau ne peut, selon les croyances infuses, que venir d'Amérique, il en a été admis que cela concerne aussi la distribution. Et comme pour enfoncer ce clou, on ne cesse de faire référence à ces créateurs partis jadis dans l'Ohio écouter les conférences d'un certain Bernardo Trujillo. Ce quasi gourou du commerce moderne a probablement et essentiellement mis l'accent sur une réalité que vivaient déjà les US dans les années d'après-guerre (39-45) -et même avant-, l'importance de l'automobile dans les mouvements de la clientèle. Un "no parking, no business" qui pouvait avoir des relents de science-fiction dans une France où, vers 1952-1953, pas plus de 20% des ménages étaient motorisés... 

Qu'ils viennent en auto, à vélo, voire à pied, des clients ont depuis la nuit des temps convergé très logiquement vers les lieux où tout ce dont ils avaient besoin ou envie était réuni, simple question de bon sens. À Dayton-USA-, (au cœur de l'Ohio), un seul élément de la vie moderne a réellement décollé, l'aéroplane, grâce à la persévérance des frères Wright... Mais pas la distribution à grande échelle, même si, il faut le reconnaître - quand même -, les exposés de Bernardo Trujillo ont contenu plus de grain à moudre que celui concernant l'incontournable parking, au point de générer ou conforté bien des ambitions... La bonne idée issue d'un autre lieu de naissance est souvent à l'origine d'une véritable élan de création décisive. La preuve. C'est en 1852, bien avant l'émergence de l'automobile, qu'Aristide Boucicaut avait ouvert à Paris "Le Bon Marché", déjà très grande surface. Une innovation dans l'art de commercer qui a été suivie d'une ribambelle de vocations du même élan, propagées jusque sur l'autre rive de l'Atlantique. Si dans la décennie qui a suivi, ont vu le jour Les Magasins du Louvre (1855), le BHV (1856), le Printemps (1864), la Samaritaine (1869), et quelques autres. Alors qu'à New-York, en 1858 -6 ans après le Bon Marché- "naissait" le célèbre magasin Macy's... Qui a donc inspiré qui...?

(Il n'est pas anodin de souligner que dans ces grands magasins parisiens, bien avant le "drive" et autres initiatives supposées de notre époque, des services comme la livraison gratuite à partir d'un montant d'achat quasi modeste, allant jusqu'à un buffet gratuit... existaient déjà. A considérer à l'heure où l'outrecuidance consistant à demander à la clientèle un paiement pour un banal sac en papier ou biodégradable, destiné à emporter ses achats, ne fait plus tousser personne). 

Après avoir été désignée coupable de la mise au rebus du commerce de centre-ville et dit "à taille humaine", la distribution vit à présent dans l'épreuve résultant d'une situation économique et conjoncturelle dont elle n'est en rien responsable. Elle n'est responsable ni de la démographie entrée dans une période de repli sévère, entrainant une dominante dans les tranches d'âges amplifiée vers seniors et troisième âge, ni des tensions internationales renchérissant de nombreux produits, et pas davantage de l'assèchement des rayons en offres ayant largement alimenté une part de la consommation -dont l'EGP, les télécoms, la photo, les consommables, les softs...-, arrivées à la saturation. Il n'en est pourtant pas moins vrai que cette expression de "grande distribution" est encore entendue sur un ton accusateur, inculpant, vengeur, ne serait-ce que dans les fermetures d'établissements qui se succèdent jour après jour. 

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