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Les belles années ne sont comprises comme telles que lorsqu'elles s'évanouissent. La pandémie vient soudain d'amplifier le perçu d'une époque qui s'éloigne. Si la peur de la guerre s'est un peu dissipée, d'autres inquiétudes, économiques, sanitaires, démographiques la remplacent.

 

- EDITO - - DVSM, 5 juillet 2020. Comment ne pas le constater, depuis le début du nouveau millénaire, bien des choses font penser à un monde ayant basculé dans une ambiance qui tranche fondamentalement avec le vécu d'un large demi-siècle révolu. Avec l'an 2000, à la fois symbole et réalité technique et économique, le numérique a pris le relais. Pour ne pas dire le pouvoir, avec des effets pour une part très positifs, mais non dépourvu de revers de médailles moins heureux. Rarement, des techniques avaient autant transformé presque tout en ce monde*. Les ultra-communications et leurs excès, les replis démographiques occidentaux de l'après baby-boom, les anéantissements et les bouleversements de mille et un métiers et secteurs d'activité se vivent depuis deux décennies parallèlement aux impacts de faits aux conséquences glaçantes. Le terrorisme, avec le choc des attaques contre le World Trade Center et le chapelet d'attentats, du Bataclan, de Nice, de Londres, etc., la crise économique de 2008-2009, l'émergence de concurrences mondiales inéluctables, attendues et cependant déstabilisantes, sans oublier les colères naturelles de la planète, tsunamis, épidémies (SRAS, H1N1, Covid 19, Ebola…). Autant de faits qui balisent un début de siècle dans lequel se développe une atmosphère anxiogène à l'échelon planétaire, que renforcent la pandémie, non circonscrite, et sa gravissime séquelle économique, qui ne fait que s'amorcer. Sans même évoquer des peurs plus ou moins établies, mais largement colportées et qui nourrissent un inconfort des esprits et des consciences que les peuples n'avaient plus connu depuis fort longtemps. (La première de ces frayeurs ayant été cette crainte d'un bug de l'an 2000 finalement jamais arrivé).

 

Jusqu'où l'endurance de l'humain peut-elle se prolonger, alors que nos semblables ont encore à l'esprit et dans les gestes ce qui rendait le temps d'avant nettement plus supportable. Le confinement n'a pas révélé des malaises devenus réalités, mais les éclaire d'une lumière éblouissante. Ne plus se déplacer, ne plus se rencontrer, ne plus travailler, ne plus se divertir, ne plus se soigner comme la seconde moitié du 20ème siècle avait progressivement permis de le faire marque un réveil en forme de rupture. Pardon de tirer un peu égoïstement la couverture d'un temps d'avant bel et bien terminé, mais la période évoquée a été largement baignée, presque comme "musicalement" accompagnée, par le développement des loisirs électroniques. Certes, les électrons au service des bons moments n'en ont pas été, loin de là, les seuls engrenages. L'automobile, les transports aériens, le confort domestique, les progrès de la médecine ont fait partie du cortège. Mais tous furent quand même un peu chapeautés par ce qui se propageait aussi par des voies de communication inédites. L'après-guerre avait très vite servi de cadre à une expansion économique vigoureuse, catalysée par les efforts de reconstruction d'après conflit et la puissante vague démographique. D'un côté la radio, puis la télévision, l'industrie du disque, la hi-fi, la vidéo, les débuts de la micro-informatique, le téléphone mobile ; de l'autre ce que ces médias ont véhiculé, un peu comme un plongeon virtuel dans l'ère inédite le rêve américain (avec son style, sa musique, son cinéma, ses autos, ses motos, ses colas…), l'avènement d'une société et d'une économie des loisirs, où l'on ne comptait plus les éléments construisant une sensation d'un progrès heureux et sans limite. Il faudra du temps pour que les historiens analysent et décrivent ce qui est à n'en pas douter une immense mutation. Mais le temps manque pour trouver les remèdes immédiats aux symptômes qui surgissent de cette métamorphose. Trop sans doute pour encore en perdre dans des méandres politico-philosophiques qui envahissent en masse les médias audiovisuels. Ce qui fait probablement les bonnes affaires de Netflix et de ses compétiteurs. Y.D.

 

* Rarement, mais n'oublions naturellement pas les évolutions liées à l'imprimerie, au machinisme ou à l'avènement des chemins de fer. 

 

 

 

Tag(s) : #- A la Une, #- Edito par Yves Dupré
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