FOOT-AGE de violences : des comparaisons avec 1998, mais pour comparer quoi, et comment...?

2 Juin 2025

Et voilà une fois encore des symptômes qui étaient attendus et semblent pourtant ne plus étonner personne. En filigrane, les ambiances joyeuses d'un Mondial remporté il y a presque 30 ans soulignent un vertigineux changement d'époque, pas seulement sociétal.

---DVSM---

- DVSM, 2 juin 2025. "C'est un monde que nous n'avons pas connu"... Tel pourrait être la remarque de quantités de nos semblables. 27 années nous séparent du si souvent chanté "Et 1, et 2, et 3 -zé-ro...!" Presque trois décennies, ce qui est le tiers d'une déjà longue vie. Ceux qui ont vu les Bleus s'imposer lors de finale de la Coupe du Monde 1998 ont en effet soufflé au moins leurs 30 premières bougies (à l'âge de trois ans, et même un peu au-delà les souvenirs sont aléatoires), ceux qui à cette époque étaient environ trentenaires flirtent à présent avec l'âge de la retraite, leur retraite. Ainsi, les constations qui se limitent à souligner qu'à cette époque, les violences ne surgissaient pas à tout moment et de la même vigueur ont raison, mais le contexte est omis dans presque toutes les analyses. 1998 était en quelque sorte une -environ- quarantième de ces célèbres 30 glorieuses. Tant de domaines étaient non seulement en croissance, mais aussi et surtout remplis de promesses, qu'il est difficile d'en faire le tour. Au soir de la victoire, et alors que la parade sur les Champs Elysées explosait d'une joie sereine, les pros de la vidéo se réjouissaient. À l'heure des prochaines fêtes de fin d'année, les box-palettes présentant les cassettes VHS retraçant cette finale seraient l'objet de bonnes ventes, étrennes pour lesquelles quelques magnétoscopes affichant déjà des rides précoces seraient remplacés. Du pré-vendu à profusion.! Dans la perspective de l'an 2000, le tout numérique s'installait non comme une seule grande étape technique, mais aussi en vecteur constructif de cette -encore- "marche en avant" de la société, mieux aujourd'hui qu'hier, moins bien que demain... (Des mois pour un rendez-vous chez un spécialiste aident à choisir, parmi tant d'exemples, entre mieux et moins bien). 98, c'était un peu l'apogée d'une phase enchanteresse, résonnant aux tubes de Céline Dion, fascinante par les scènes de Titanic, s'amusant à se faire peur avec le possible bug de l'An 2000... Un magazine professionnel* arrivé dans les kiosques -numéro exceptionnel- n'hésitait pas à parler de la "Nouvelle image", interview de Claude Lelouch au sommaire. Le cinéaste y développait l'importance que le fait de "filmer" -capturer des séquences vidéo- pourrait aider l'ensemble de nos semblables à maîtriser cette discipline en en faisant un comportement quotidien. La clé de voûte de cette évolution déjà ressentie est alors le caméscope. Il faudra attendre une décennie avant que le smartphone ne vienne transcender cette conquête... À double tranchant...?

Il faudra certainement s'interroger sur cette prolifération du numérique et de ses conséquences. La vidéo devenue omniprésente sert ce matin à découvrir, voir ou revoir des scènes qui n'étonnent plus véritablement. De simples individus, armés de leurs mobiles de tous les jours, ont saisi des actes de dégradations, des ambiances façon émeutes, comme il s'en recueille à qui mieux-mieux par capteurs interposés, dans d'innombrables circonstances, notamment depuis l'épisode des gilets jaunes. La victoire européenne du PSG ne sera le DVD des étrennes pour personne, les supports vidéo enregistrés ont largement déserté les linéaires. Tout comme la croissance, sens large, s'est largement repliée, dans une atmosphère où tant de choses sont devenues des problèmes de la société, "re" sens large, sans que des remèdes ne soient désormais estimés disponibles à la hauteur croissante des débordements multiples. La natalité s'émousse, la population est vieillissante, la situation économique du pays est dangereusement catastrophique, des magasins ferment leurs portes en France comme ailleurs, pour ne mentionner que les sempiternelles évocations rengainoïdes d'un état des lieux coiffé par des bruits de bottes et de drones qui n'inspirent guère à l'optimisme. N'est-ce pas du fond des ténèbres qu'il est bon de croire en la lumière...?

*- Vente Numérique et Multimédia, devenu "DVSM" en... 2000.