- GÉNÉRATIONS : le monde marche au mélange, voire "aux mélanges", dont celui des tranches d'âges...

Gérard Mulliez, fondateur d'Auchan, souffle aujourd'hui ses 94 bougies. Figure incontournable des pionniers de la distribution, son anniversaire ne peut que susciter quelques pensées, voire même bien davantage.

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- DVSM, 13 mai 2025. "Si la photo est bonne" disait la chanson... Justement, elle ne l'est pas réellement, mais "elle est", et choisie pour cela. Prise par l'auteur de ces lignes lors de l'inauguration du magasin Auchan du centre commercial Val d'Europe, elle fait partie de ces clichés qui datent de la presque préhistoire de la photo numérique. Réalisée avec un appareil doté d'un capteur de 1,3 Mp, elle offre une résolution bien modeste, et pourtant, sa seule sauvegarde permet de se rappeler qu'elle avait été prise le 24 octobre 2000 à 12h54...! Combien de diapos, ou de tirages papier dans leurs tiroirs, sont-ils capables d'une telle précision...? Dans cette très grande surface, l'un des derniers hypermarchés ouverts avant que ne soient limités réglementairement de telles implantations commerciales, de vastes rayons débordaient déjà de tous ces produits de l'EGP en prodigieuse explosion. 25 ans plus tard, ils ont largement déserté les linéaires. Leurs consommables et les softs qui les animaient ne génèrent plus ce trafic de clientèle que seuls l'alimentaire et quelques autres univers peinent à défendre. 94 bougies, et donc une naissance en 1931, de quoi avoir permis à cette personnalité de traverser bien des époques, des états d'esprits et autres réactions. Face à un itinéraire dans le commerce qui s'est, depuis tant d'années, lui aussi, plus que métamorphosé. Comment donc ne pas songer à ces successions de tranches d'âges, ayant vécu des manières de vivre, de consommer, de se distraire, de communiquer, de se déplacer, avec dans chaque épisode toutes les phases de découverte, d'adaptation, d'acceptation, qui ont fait des consommateurs autant de masses plongées dans des décalages temporels d'ampleur successifs, face à ce qu'imaginent ceux qui endossent, parfois par simple inspiration, le rôle de pionniers...? Comme Edouard Leclerc ou les  Fournier et Defforey (fondateurs de Carrefour), Gérard Mulliez fut de ceux partis à Dayton (Ohio, US) écouter les discours de Bernardo Trujillo, "prédicateur" au service du commerce, ayant guidé leurs itinéraires (et pas mal d'autres) mettant en évidence le fameux précepte : "No car, no business". Ceux qui ont accumulé un certain vécu au cœur du monde des enseignes savent que la nécessité d'un parking est loin de résumer ce qui préside à la réussite d'un grand commerce. Et sur ce plan, Gérard Mulliez a démontré qu'il avait su aussi maîtriser l'art d'en définir une conception qui lui est restée propre, armée en particulier d'une véritable "culture clients". Le joyeux anniversaire qu'il est bon de lui souhaiter est sans doute le meilleur moyen de revenir sur cette éternel aventure de la vie marchande à travers les âges, même découpée en tranches...

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