Peut-on mourir du Covid...? Il en va des salons comme des humains. Les plus fragiles sont les plus en danger...
- DVSM, 20 janvier 2022. C'est la confusion les plus absolue. La propagation vertigineuse du dernier variant vedette a fait des dégâts. C'est une catastrophe pour le monde des salons, d'autant plus que l'onde de choc du virus n'en finit plus de se propager. Les tendances à l'apaisement perçues à l'automne avaient eu pour effet de libérer certaines ardeurs. Omicron en décide autrement, avec une composante nouvelle dans l'embarras des décideurs. Si les risques pathologiques semblent moins aigus, le tempo imposé par les contaminations sème l'incertitude à grande vitesse. Il suffit de faire le tour des stratégies adoptées ces dernières semaines pour mesurer le grand écart entre le choix des uns et la résignation des autres. (voir un très provisoire état des lieux ci-après)
La photo d'une édition ancienne de la Photokina (ci-dessus) rappelle toutefois que le monde des grands rendez-vous est exposé à bien d'autres aléas que les seules pandémies. Comme cela se dit près des passages à niveau, un mauvais sort peut en cacher un autre. Ce moment fort de l'image au niveau planétaire a sombré non d'une épidémie mais dans la tempête qui a numériquement (et "connectivement") emporté au moins les trois quarts de l'activité photographique classique. Morte d'une vieillesse quasi naturelle, cette exposition qui a bien tenté de survivre a suivi, pour n'évoquer que ce qui concernait notre sol, les destins brisés par le Salon de l'Enfance (né dans la fougueuse vague des naissances d'après-guerre), ou le SICOB, (OB, pour organisation de bureau, ayant survécu jusqu'à ce que la prestigieuse mécanographie soit supplantée par l'ordinateur et sa non moins pétillante périphérie). Quand une activité s'émousse, les salons qui lui sont consacrés sont privés d'oxygène.
Mais à ces fatalités naturelles, se sont ajoutées des envies telles qu'elles sont devenues mortifères. L'auteur de ces lignes a vécu les éditions du Festival du Son (que "du son", même si, pour mieux remplir ses espaces d'expo et ses recettes, l'organisateur avait alors cru dégourdi d'y ajouter la facture instrumentale, "facture" étant sans doute un clin d'œil espiègle). Les salons sont comme les ficelles, à trop tirer dessus, la casse devient inévitable. L'une des dérives ayant porté préjudice aux grands rendez-vous est incontestablement venue des participants professionnels. Pour le son, ce désir bizarre fut longtemps de rapprocher le salon d'une période forte dans les rayons. Autrement dit, à un moment où les ventes étaient suffisantes et n'avaient nul besoin d'un dopage qui, de surcroît, aurait éloigné des clients des rayons pour au moins un week-end, les chalands intéressés allant se confronter aux foules des stands, courant même le risque de changer d'envie et de différer leurs projets. Mais nous avons aussi en mémoire ces professionnels du terrain qui estimaient que le Festival au printemps tombait pile poil, animant positivement des neurones de chalands et des auditoriums que l'attrait des premières jonquilles laissaient exsangues.
Le péché de "grandiosité" a aussi largement démantelé des rendez-vous qui avaient le mérite de rythmer localement les saisons et les activités. C'est un côté stupide de la mondialisation, nourri de cette idée folle selon laquelle l'hypothétique mieux ne sera jamais l'ennemi du bien. A force de vouloir générer des salons ayant une portée mondiale, nous en arrivons à la mésaventure de Pégase se brûlant les ailes à trop vouloir s'approcher du soleil. Un CES américain, tout américain, rien qu'américain, suffisait peut être aux sujets traités, même si cette convergence du Nevada souffre manifestement d'un syndrome proche de celui qui a conduit le Salon de l'Enfance vers la porte de sortie. Même remarque pour l'IFA, qui a puisé sa puissance hors normes d'après-guerre (années 60 à 80) dans les conditions d'une ville de Berlin prisonnière d'un triste mur, qui faisait de cette courte période sa seule distraction estivale. Un salon dont l'aura s'estompe puisque, sans mur et les berlinois s'évadant sans contrainte, et s'éloignent de la tour de la radio. Et surtout parce qu'en dépit des efforts multiples de ses organisateurs, par leur quête de nouveaux clients pour des halls tirant vers le vide, en dénaturent dangereusement les vrais pôles d'intérêt. A la question encore assez récemment (mais avant Covid) posée à un chef de rayon dans la basse vallée du Rhône à propos de l'IFA, sa réponse résume l'essentiel. "L'IFA ? Connais pas..." Tout est dit.
Nous voici donc dans un quotidien malmené, et sans doute mal conduit. A Barcelone, le MWC 2022 doit s'animer du 28 février au 3 mars, fort d'une sécurité "multicouche" pour accueillir des visiteurs non virtuels, ce dans une ambiance que l'attitude récente et très libératrice de l'Espagne ne peut qu'encourager. Alors qu'outre-Rhin, le salon encore important du jouet de Nuremberg, la Spielwarenmesse, se prépare à accueillir ses visiteurs avec de nombreuses précautions, la puissante foire de Hanovre se décale de quelques semaines. Même manœuvre à paris pour Rétromobile, décalé vers de nouvelles dates, du 16 au 20 mars. A Genève, pour le salon consacré à l'automobile, toujours riche en prototypes et concepts cars, et dans le flou d'une atmosphère interrogative sans lien avec le virus, on en est aux promesses d'un show plus fort que jamais en... 2023. L'E3 de Los Angeles, antre du jeu interactif, joue les plus grandes incertitudes, tenu, en virtuel, en rien du tout, on verra... Mais que les politiques se rassurent, ils devraient pouvoir sillonner les allées de la Porte de Versailles et masser l'arrière train de la population bovine, geste électoralement, paraît-il, autant porte-bonheur que caresser le dos des bossus.
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