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Mauvais point pour France Musique…! Ses approximations, assez pardonnables venant de simple profanes, font travail bâclé quand on les découvre sur les écrans de la radio spécialisée musique du service public.

- DVSM, 2 novembre 2020. Suivant l'exemple du disque analogique, devenu "vinyle" dans sa résurrection, la mini-cassette pourrait bénéficier d'une percée dans le nouveau millénaire. Très bon support quand elle est (ou était) traitée par des maillons hi-fi de bonne facture (y compris au sens "tirelire" du terme), elle s'est offert une apparition sur les écrans internet de la plus musicale des chaînes de radio du service public en début d'année. Avec, hélas, au moins deux énormes erreurs qui restent très visibles. Informer, raconter, c'est bien. Mais pour le faire correctement, encore faut-il vérifier avant de publier.*

Tout d'abord, France Musique lui attribue une naissance dans les années 30. Absolument faux.  Au milieu de ces années d'entre les deux guerres, l'industriel allemand AEG, associé au chimiste IG-Farben, dont la célébrité n'est pas des plus heureuses**, en étaient seulement à dévoiler les toutes premières bandes magnétiques de l'histoire. Lors du salon de la radio à Berlin (devenu l'IFA) en 1934, ce ruban n'est qu'en présentation statique. En 1935, il se montre avec démonstration sur le "Magnetophon" d'AEG. Avec à cette époque une qualité encore modeste, en partie à cause de l'absence de toute prémagnétisation, laquelle ne sera inventée que durant la guerre 39-45. Il faut attendre la fin des années 50 pour commencer à voir apparaître le concept de la cassette, alors que les magnétophones dits "à bobines libres" font déjà de bons scores commerciaux.

Si concept il y a, la bagarre (quasi de chiffonniers) bat aussi son plein, notamment entre l'allemand Max Grundig et la firme hollandaise Philips. Ce sont les droits à payer pour exploiter cette cassette qui provoquent des remous, auxquels Philips met fin en renonçant à toute les royalties, coupant ainsi l'herbe sous le pied à son concurrent d'outre Rhin, qui avait pourtant conçu une cassette jugée de nettement meilleure qualité sonore. En 1963, le dossier est clos, la mini-cassette officiellement inventée et lancée quelques mois plus tard.

Contrairement à ce qui est affirmé dans une seconde erreur, ce n'est donc pas au début des années 80 que ce joujou se diffuse auprès du public, mais dès les années 60. Avec des magnétophones portatifs et même un baladeur lancé par Philips (ainsi que sous la marque de sa filiale Radiola). En 1969, cet appareil novateur (bien avant le Walkman)*** est lancé avec en cadeau une cassette d'édition (oui, déjà) avec le tube de l'époque, "Love is Blue", par l'orchestre de Paul Mauriat. Oubli regrettable, ce lecteur ne comporte pas de sortie pour casque, mais à cette époque, rares sont encore ceux qui écoutent de la musique à l'aide de cet instrument.

Durant les premières années de son existence, cette cassette, déjà présente dans le domaine des autoradios,  a cependant du mal à se faire accepter sur des équipements de haute-fidélité dont la mode grimpe vertigineusement. Mais au confluent des années 69-70, la donne change grâce à la réalisation de la version grand public du réducteur de bruit de Ray Dolby. Initialement utilisé en studio dans sa version A, ce circuit qui réduit le bruit de fond et ainsi augmente la dynamique du son, va rapidement voir sa version B installée sur les appareils à cassettes destinés aux chaînes hi-fi. Entre autres avantages, la mini-cassette permet d'accéder à un rendu de la stéréophonie que le disque microsillon et sa gravure délicate ne rend que bien modestement.

Mais il est vrai que le Walkman lancé par Sony à la veille des années 80 va propulser la petite cassette à des sommets. Rien qu'en France, en version vierge, il s'en vend des millions chaque année, ce qui n'enchante guère les éditeurs, car elle sert souvent à faire des copies, que le métier réussira à faire qualifier d'illégales, point de départ des turbulences sur les droits d'auteurs et ceux des… ayants droits qui durent encore alors que la cassette, pour sa part, a définitivement (du moins le croyait-on) rendu son tablier face aux concurrences des supports numériques d'abord et du streaming désormais. Et voilà que, elle aussi analogique et nullement avare de ses qualités, cette création qui frise son demi-siècle tente de revenir sur la scène. Son irruption dans un futur qui ne l'attendait pas se fait cependant moins tonitruant que celui des disques noirs****, ces derniers ayant eu en guise de tremplin le disco, le DJ et cet environnement à lui seul devenu un phénomène générationnel.

* Ce qui est assez facile, car les historiques des firmes ayant participé à l'épanouissement de ce support sont très accessibles, notamment sur les sites web des entreprises. A défaut, Wikipedia propose aussi des informations correctes.

** IG Farben était le fabricant du tristement célèbre gaz Zyklon B, utilisé dans les camps de concentration? 

*** Le texte de France Musique oublie que "Walkman" est la marque déposée par Sony, et que dès lors, si elle a droit à une majuscule, le pluriel (s) n'en est pas possible comme pour tous les noms propres. Il aurait été plus correct d'évoquer les "baladeurs".

**** Il s'agit bien de la couleur du vinyle, non de celle des artistes, même si certains ne sont pas blancs de peau.

 

Tag(s) : #- A LA UNE, #- Son HR et Home cinéma
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