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Il suffit d'un virus, et la réalité surgit...! Des acteurs de la chaîne de l'édition sont injustement ignorés, rappelant la profonde méconnaissance des processus de cette activité, voire l'absence de toute notion, même floue, de ce que recouvre la tâche de l'éditeur…

- DVSM, 23 novembre 2020. Le virus, le virus...! Vite, on ferme, notamment les librairies. Pauvre Gutemberg, pauvre Plantin*…!  Notre monde qui, soudain, porte haut la lutte pour les librairies, ne pense guère aux auteurs, ce qui n'est pas nouveau**. Celui qui écrit un ouvrage est pourtant le premier maillon d'une longue chaîne, mais à ce stade, nulle aide, nul geste, dans un climat aux contraintes sanitaires extrêmes. Ce monde semble aussi oublier (faut-il ajouter "surtout"…?) que la plus décisive des révolutions dans le domaine du bouquin a été vécue très techniquement  au cours de siècle dernier, avec la naissance du format de poche***, donc bien avant le numérique et la vente en ligne. Un profond changement d'ère lié presque totalement à l'imprimerie et ses métiers associés. En réussissant à imprimer et à brocher des quantités d'ouvrages pour un coût modique, la lecture est devenue accessible à des millions d'individus qui, auparavant, devaient composer avec leurs envies de lecture, le coût assez élevé de l'édition traditionnelle, et le fond d'une tirelire souvent trop vite atteint.

Du rôle de l'édition. L'éditeur, entre auteur et librairie (qui vendra en boutique ou en ligne au lecteur) sélectionne ce qu'il choisit d'éditer. Le plus souvent, même pour d'éminents auteurs (Prix Goncourt pareillement) il procède (en finançant le tout) à une remise en forme des textes, et confie à des équipes la mise en pages -textes-illustrations-, puis au traitement toujours qualifié de "photogravure", même si les techniques ont beaucoup évolué dans ce domaine, et fait enfin (ou presque) imprimer les ouvrages. Lesquels font aussi l'objet d'une promotion (presse, publicité), avant de les propulser vers des réseaux de distribution. Le plus souvent, il suit aussi la bonne mise en place dans les rayons des librairies. Quand tout ce qui a été imprimé n'a pas été vendu, il reprend aux réseaux de distribution des ouvrages qu'il tente de confier à des spécialistes des soldes d'édition. Quand la librairie ou les rayons livres sont stoppés, c'est toute cette chaîne qui est anéantie.

A l'heure où un élan fraternel se manifeste (est-il totalement sincère...?) pour la littérature, synonyme de culture, et les "petites" librairies, une attitude envers la nourriture essentielle de l'esprit (au sens le plus large) semble émerger des réactions suite aux mesures de confinement. Il est vrai qu'il peut paraître plus noble et méritant de vendre des ouvrages imprimés que quelques paires de chaussures. Pourtant, l'exploitant commerçant de l'un comme de l'autre de ces deux segments peut légitimement revendique le terme "essentiel". Côté livre, rappelons que les trois principaux genres achetés par les adeptes de la lecture sont le roman, le livre pratique et les mangas. Tout ne relève donc pas de la culture dans le sens le plus élevant largement sous-entendu. Mais tous les ouvrages, de la plus grande littérature à l'Almanach Vermot, du recueil de recettes culinaires à la BD, sont passés par de la mise en page, de la photogravure, de l'impression, du brochage… Quand la librairie est contrainte à la fermeture, elle entraîne autant de ruptures de travail en amont que tous les autres domaines de la consommation, moins oubliés par les gazettes et autres chroniqueurs. L'imprimeur est autant victime que le producteur de carottes bio ou fabricant de jouets en bois. Les inégalités ne viennent pas toute "d'en haut"...

* Plantin, un tourangeau ayant, environ un siècle après Gutemberg , développé une activité pionnière de l'imprimerie, avec plusieurs presses. Ses ateliers, devenus Musée Plantin-Moretus, se visitent à Anvers (Belgique) à proximité de la cathédrale et de l'hôtel de ville de cette superbe cité flamande.

** Les auteurs sont rémunérés en droits… d'auteurs, et donc proportionnellement aux ventes, qu'elles soient sous forme de papier ou numérisées. Pas de vente, pas de droit, moins de chocolat.

*** Dans les années 1950, naît le véritable "Livre de poche", une sorte d'aboutissement pour une longue aventure - plusieurs siècles- dans la recherche ayant pour but de mettre le livre économiquement à la portée d'un nombre le plus élevé possible de lecteurs. 

 

Tag(s) : #- A LA UNE, #- C'est un avis
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