
Ce n'est pas seulement un pépin sur le chemin d'une utilisation à la limite du gadget. La reconnaissance des visages... masqués piège des pans entiers de développements futurs.
- DVSM, 30 juillet 2020. "Vous me reconnaissez...?" "Non, pas du tout. Circulez...!" Une célèbre marque italienne qui prônait les couleurs dans l'habillement aurait vu son médiatique manager cruellement piégé si le virus avait été plus tôt en voie de propagation. Aujourd'hui, on ne mesure en général que plutôt peu précisément le grave souci qui vient de surgir dans l'univers du connecté. Chacun peu s'en apercevoir, l'inflation des identifiants, codes d'accès et "sur-codes, certicodes et autres sésames" de sécurité atteint un niveau peu supportable et même peu gérable pour le public. Chaque entité, FAI, plateforme, banque en ligne, fournisseur, y va de ses exigences sans cesse amplifiées en matière de sécurité de connexion. Avec ici un nombre de signes imposé, là l'obligation de placer une majuscule ou un chiffre, ou un caractère spécial, quand ce n'est pas une actualisation (donc changement à intervalles plus ou moins réguliers). L'expérience a souvent montré que lorsque des mesures de sécurité deviennent trop lourdes ou complexes à gérer, les individus ne les respectent plus, et optent pour des raccourcis ou des parades qui détruisent la sécurité recherchée.
Mais une perspective était en voie d'apparition. Prenant le sillage des identifications par empreintes digitales, la reconnaissance faciale était à la veille d'une large adoption. Finis les trous de mémoire, oubliées les trois tentatives puis plus rien. Mais avec un masque, les choses se compliquent. Et des organismes professionnels commencent à s'en préoccuper, notamment outre-Atlantique. Naturellement, un remède fort simple vient immédiatement à l'esprit. Il suffit, pour s'identifier, de retirer le masque quelques secondes, et le tour est joué. Sauf que du côté des autorités de santé, cette manipulation fugitive est diversement appréciée, dans un contexte où tout est mis en oeuvre pour que, justement, les masques soient portés, non manipulés... D'autant que ce retrait rapide risque fort de se produire dans des circonstances mauvaises pour le respect des distance de sécurité (caisses de magasin, distributeurs de monnaie, pompes de carburants en libre service, etc...). Si cette technique prometteuse conserve de très bonnes chances de se multiplier à terme dans les usages, son adoption à court terme est pour le moins compromise. De quoi faire la grimace pour tous ceux qui, des capteurs aux logiciels, travaillaient d'arrache-pied à l'élaboration des solutions fiables et efficaces.

