
Il suffit parfois de quelques chiffres pour prendre conscience de simples réalités. Près de 20% de tués en France par rapport à l'Allemagne interpelle, et le score britannique encore plus.
- DVSM, 15 juillet 2020. Au diable les analyses longues et peu instructives qui ne cessent d'entourer le délicat sujet de la sécurité routière. Dans un numéro récent, l'hebdomadaire Challenge's résumait d'une phrase. La France dénombre 49 morts par million d'habitants, soit environ 19% de plus que nos voisins d'outre-Rhin, à "seulement" 40 décès*. Ce dans un pays où la vitesse sur les autoroutes est libre sur plus de 50% du réseau. Mais où les automobilistes sont probablement plus respectueux des règles et notamment des vitesses imposées, scrupuleusement observées, sur tout le réseau, autoroutes, routes et zones urbaines. Il faut aussi souligner que d'autres éléments peuvent jouer dans ces résultats, dont des dispositions claires (à comparer avec notre capharnaüm de zones et de signalisation). Il reste cependant d'autres facteurs dont au moins un, jamais exploré.
L'hebdo cité plus haut ne se limite pas à ces deux chiffres. Il ajoute le très mauvais score italien de 55 morts par million d'habitants, et surtout les "seulement" 28 décès que le Royaume uni déplore par million de ses citoyens. Ce rapport du quasi simple au double devrait susciter des analyses charpentées. Parcourir les routes outre-Manche permet certes de constater un soin historiquement exceptionnel apporté à la signalisation, notamment en ville, avec des marquages au sol le plus souvent en bon état, de nombreux feux rouges doublés (à comparer avec nos nombreuses ampoules grillées, par exemple). Les limitations de la vitesse sont pour l'essentiel comparables aux nôtres**, sauf sur autoroutes où est sont plus réduites (mais un peu plus élevées sur voies rapides). Il y a donc des différences nettement plus marquées ailleurs, qui induisent les résultats.
Et si la pure physiologie jouait un rôle…? Question idiote…? Peut-être pas. La Grande-Bretagne roule à gauche, et chacun sait qu'avant des dispositions "anti-british" prises par notre illustre empereur Napoléon, le sens naturel de déplacement sur les chemins était partout… à gauche. Un héritage de la nature, puisque la majorité des humains est droitière. Pour se défendre lors d'un croisement hostile à cheval (les Triumph et les Jaguar n'avaient pas encore vu le jour) le bras droit, le plus agile, était aussi le mieux placé. Ne négligeons pas davantage l'incidence d'un œil directeur majoritairement droit. Vieilles notions, sans objet de nos jours…? Pas si sûr.
Nul univers n'est mieux placé pour en tenir compte que celui du commerce, du marketing et de la publicité. Les tendances physiologiques des regards qui se portent plus naturellement et instinctivement vers la droite et le bas (voir les "signatures" de toutes les pubs) ont même servi à construire des règles quasi impératives. Comment les réflexes instinctifs d'une majorité d'individus seraient-ils prépondérants dans l'élaboration d'une mise en rayon de produits, mais sans incidence quand la sécurité sur la route tient parfois à bien peu de choses…?
* La publication récente de chiffres de plusieurs organismes confirme le sens de ces données.
** Environ 97 km/h sur routes (au lieu de notre jeune 80). La tolérance avant contravention est de 10%.

