
Les conditions dans lesquelles la reprise de l'activité est appelée à se concrétiser ressemblent surtout à une liste interminable de défis.
- DVSM, 11 mai 2020. Tout comme l'Hexagone avait abordé le cœur de la crise dans le flou, il tente d'en ressortir, notamment pour le commerce, dans un océan d'incertitudes. Moins hardie qu'outre-Rhin, où désormais tous les magasins, sans limitation de surface, peuvent accueillir la clientèle, le passage dans le déconfinement sonne aussi sur notre sol ce qui est difficilement qualifiable de retour à la normale et que personne ne qualifie ainsi. Ce qui n'est de surcroît nullement dissimulé, ni en hauts lieux, ni dans les multiples commentaires que depuis jeudi, jour des annonces par un cortège de ministres, les médias distillent à flux continu. D'ailleurs, depuis ces toutes récentes explications, des faits propres à alimenter les idées floues dans les esprits n'ont pas manqué. Foyers de contagions se réanimant par ici, remises en application de mesures de confinement par-là, sans oublier les quasi-promesses de quelques spécialistes d'un rebond pour septembre, il faut une bonne dose d'optimisme pour ne pas sombrer dans une petite déprime. Heureusement, d'autres prévisionnistes tablent sur des perspectives plus rassurantes.

Si l'inquiétude virale directe subsiste, les défis pour la distribution, pour le court et le moyen terme, sont au moins de trois sortes. D'abord, l'exploitation des points de vente suppose des pratiques préventives qu'il va falloir roder, sans doute adapter. Le nombre des clients admis à pénétrer dans les surfaces de vente s'ajoute à l'impératif des distances physiques à respecter entre tous (clients et intervenants) et aux difficultés de montrer, essayer, toucher, emballer… Ensuite, pour parvenir jusqu'aux points de vente, la clientèle ne sera pas non plus dans un contexte réellement libéré. Va-t-on, sujet peu évoqué, limiter le nombre de véhicules sur les parkings, réalité qui crée d'emblée des rapprochements prohibés ? Enfin, et même surtout, c'est l'équilibre économique qui constitue la véritable clé du succès. Le nombre des sans-emploi devrait bondir dans les semaines et mois à venir, et peut-être largement franchir la barre des 10%. Entre un pouvoir d'achat restreint et une fièvre acheteuse sérieusement émoussée, il est raisonnable de tabler sur des exercices difficilement équilibrés, et le plus souvent déficitaires. Là se pose la question de la durée. Si la fin de saison confirme l'érosion des risques de contagion, la fin de 2020 peut s'avérer meilleure, et même explosives. En revanche, si, comme le laissent entendre de nombreuses analyses, la menace épidémique reste un tant soit peu active, la poursuite d'exploitations dans le rouge risque de mettre de nombreux responsables face à de graves cas de conscience. Heureusement, le pire n'est jamais sûr…! C'est parti...!

