
Les malheurs de l'apprentissage du français sont connus et ont depuis longtemps pris position dans les médias. Comment sortir de ce naufrage orthographique...?
- DVSM, mars 2018 - Nous ne révélerons ni où ni quand nous avons relevé ce panneau*. Inutile de faire un exemple alors que des indications aussi gauchement bâties jonchent de trop nombreux rayons, et pas seulement dans l'univers de poissonnerie ou au royaume de l'alimentaire. Sachez quand même qu'il y a quelques décennies, ces seuls quatre mots inclus dans une dictée du Certificat d'Etudes Primaires, le CEP ou fameux "certif", n'auraient laissé au candidat que peu de chances de succès sur un texte entier, alors que 5 fautes seulement étaient éliminatoires. Notez aussi que, pris dans un rayon où le bar à griller est plus présent que la barre de son, nous nous éloignons par courtoisie des zones de l'électronique et du numérique, qui sont pourtant souvent encore plus riches en coquilles que les offres appétissantes en produits de la mer.
Plus riches en effet parce que les disciplines, les produits et les services du monde high-tech comportent un nombre copieux de termes issus de la techno, de l'anglais et d'autres simplifications ou encore barbarismes que les professionnels de l'industrie et du terrain cultivent avec ardeur. Ce qui laisse une belle proportion d'occasions de se tromper, que l'on retrouve tels des pièges ayant réussi en couches croustillantes sur pas mal d'ILV et PLV. Ennuyeux parce que dans la clientèle, si de nombreux individus sont devenus à leur tour les victime d'une pédagogie du vocabulaire et de la grammaire très défaillantes, il en reste qui connaissent bien les rouage de la langue de Molière, et peuvent déduire de ce qu'ils déchiffrent une compétence perfectible de l'ensemble d'un rayon ou point de vente.
Cette petite remarque prend place, bien sûr pas par hasard, au moment où quai Conti, nos immortels planchent sur le délicat problème de la féminisation des termes, pour raison d'obsession de féminisation de tout ce qui n'est pas masculin. Heureusement, depuis longtemps, les vendeuses côtoient les vendeurs. Mais en R&D, les ingénieurs vont devoir prendre en considération les avis des ingénieuses. Si pour quelques uns, il s'en suit un "burn out", un traitement efficace leur sera prescrit par un médecin ou une médecine. Le piège du malheur de notre langue ne serait-il pas né d'une volonté de faire du neuf qualifié de progrès partout, sans le moindre trou...? Il y a un siècle, nos ancêtres qui ont eu la chance d'aller à l'école avaient fort bien réussi à maîtriser cette discipline, ne laissant que très peu de fautes dans leurs écrits, qui plus est, couchés dans des écritures esthétiquement superbes. Et si le progrès se résumait à revenir aux méthodes qui ont fait leurs preuves...?
* Les fautes : on ne dit pas "la" mais "le" poisson, et donc il est "garanti" et non "garantie", et s'il n'y a pas d'arête, autrement dit zéro piquant désagréable, le pluriel concrétisé par le "s" est de trop.

