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-ANALYSE- Alors que la France pleure son industrie, les "responsables en hauts lieux" développent des théories et élaborent des plans qui restent sur des axes peu convaincants. 

- DVSM, 29 juin 2022. Louables, les réactions suggérées par de nombreux acteurs du monde politique et assimilé ont de quoi soulever des interrogations. Fondamentalement, les objectifs recherchés ou annoncés sont en effet trop à la marge de ce qu'est une activité industrielle, et risquent par conséquent de ne pas apporter au tissu d'entreprises et au pays le véritable renouveau efficace, opérationnel et durable recherché. Les récentes épreuves issues de la crise sanitaire, comme les turbulences sur le thème de l'énergie, ont mis à vif des plaies liées à une dépendance que l'on retrouve aussi dans les pénuries de composants dédiés notamment à l'électronique ou à l'automobile, et à bien d'autres secteurs, pour ne pas dire toute l'activité économique. Très préoccupantes pour la vie de tous, certaines dépendances (masques, médicaments...) n'auraient pu être largement évitées que grâce à une production nationale capable de s'aligner en coûts sur les barèmes des groupes les plis compétitifs. C'est un rêve, presque une utopie, alors qu'une meilleure gestion des réserves appuyée sur une stratégie pertinente de prévisions des coups durs aurait déjà largement corrigé les graves lacunes supportées il y a quelques saisons.

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Thé, café, chocolat... En revanche, aucune initiative ou volonté "politique" ne parviendra jamais à éliminer des dépendances que subissent d'ailleurs dans divers domaines tous les pays du monde. La France n'a, par exemple, ni café, ni thé, ni cacao (ce qui n'est pas anecdotique*), mais pas davantage certaines matières premières, dont le pétrole et beaucoup d'autres minerais, inexistants ou épuisés. Toutefois, des recettes à l'exportation plus soutenues donneraient à la fameuse balance du commerce extérieur les coudées beaucoup plus franches pour importer ces biens faisant naturellement défaut. Reviennent donc "sur le tapis" les soucis de cette industrie, allègrement mise de côté durant les années de la religion de l'industrie sans usine. Ce qui n'était qu'une version "polie" du recours aux mains d'œuvres des territoires les plus compétitifs sur ce plan. Toutefois, une industrie telle qu'elle nous fait bel et bien défaut ne peut plus être que celle d'une activité à parvenant à une pertinence de niveau planétaire, dans son domaine. En effet, la réduction des distances, physiques et de communications, de notre monde a généré la mondialisation, ce qui n'est pas un complot mais une réalité incontournable, aussi imparable que le principe des vases communicants. Après les dominations régionales, puis nationales, c'est désormais à l'échelle de la terre entière que se jouent les clés du succès ou de l'échec. Ce qui nécessite compétence, réactivité, initiative sans relâche, et le plus d'audace possible, plus que n'en disposent les autres. C'est une règle sans doute cruelle mais intangible. S'y faire ou disparaître, c'est la seule alternative. C'est ce qui est arrivé à des pans entiers de l'industrie de l'électronique française et même européenne. La vision (photo) de l'ex-usine Thomson d'Angers (téléviseurs) en reste une trace indélébile. Le symptôme de l'effondrement industriel réside d'ailleurs moins dans la suppression de l'activité que dans l'absence de toute reconversion du site qui, faute de combattants, n'est plus qu'une friche industrielle.

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Le tour du monde est achevé. En effet, bonne nouvelle...! Tous les points du globe sont désormais à portée de n'importe quel Airbus (ou, au pire -industriellement-, Boeing), soit physiquement quelques heures, ou dans l'instant, grâce à la vitesse de la lumière, vélocité standard des télécommunications. Cette évolution du bout du bout de la planète n'ira pas plus loin. Ce qui ne masque nullement des réalités tangibles. Dans les options mises en avant par certains de ces décideurs du plus haut niveau déjà désignés, on entend souvent affirmer que le retard pris dans des domaines techniques (le numérique notamment) devrait d'être rattrapé. Erreur et mission impossible...! Les meilleures productivités et les compétences (ainsi que les brevets) sont déjà ailleurs. A l'époque des magnétoscopes, la démonstration fut faite que rien ne servait de courir, si l'on n'était pas parti à point. Mieux vaut soutenir ceux -de nos industriels- qui avancent sur des sujets encore non matures que de faire une course de rattrapage, aux coûts gigantesques sans garantie de succès. L'idée de faire du territoire une excellente terre d'accueil pour des investissements étrangers est également une perspective flatteuse mais sans grand intérêt, qui a d'ailleurs également déjà montré ses limites. Des entreprises étrangères, même asiatiques, ont créé des unités de production sur notre sol (caméscopes, téléphones...), mais beaucoup n'auront vécu que quelques années, en particulier parce que les usines sont, comme les outils, en constante évolution. Rares sont les produits que l'on fabrique aujourd'hui comme on les fabriquait il n'y a que 10 ans. Et les produits eux-mêmes n'ont que des existences relativement éphémères. Avant de songer à faire venir des firmes non hexagonales, peut-être faudrait-il prioritairement songer à faire revenir certains groupes de chez nous qui, pour mille et une raisons, ont installé leurs sièges hors de nos frontières (Stallantis, Renault...) comme par exemple à Amsterdam. N'oublions pas que l'Hexagone a laissé s'éloigner des industries du soft. Les vastes studios d'UbiSoft à Montreuil (93) ont il y a déjà bien longtemps traversé l'Atlantique pour un sol canadien ayant mieux compris que nos décideurs l'intérêt de les accueillir d'une manière pertinente**. Si même les nôtres s'en vont ailleurs, il y a peu de chances que l'immigration industrielle nous déborde un jour.

* Près de 25 milliards de petits déjeuners ou équivalence à servir chaque année, 365 fois pour 67 millions de Français. ** Nous avions eu l'occasion, à cette époque, de souligner que cette expatriation n'avait pas pour destination des territoires à salaires compatibles avec les limites du seuil de pauvreté.

 

Tag(s) : #- A LA UNE, #- Eco-conjoncture
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