
La télévision classique, dite "linéaire", perd doucement des points, sans pour autant être menacée de disparition. Elle s'est doucement atomisée en une myriade de chaînes. La crise pourrait faire pencher son destin vers un périmètre plus concentré.
- DVSM, 2 juin 2020. Passer l'obstacle…! C'est l'objectif qui hante désormais les entreprises agissant dans l'univers radio et TV, lesquelles n'échappent pas aux conséquences économiques du coronavirus. Mais avant l'apparition de la contagion, la télévision arrivait à un carrefour de son existence. La libéralisation dans les territoires (dont la France) où cette activité était verrouillée ainsi que l'apport de nouveaux moyens de diffusion (satellite, TNT, IP, ADSL…) ont permis à une multitude d'acteurs de se lancer à la conquête des audiences, dans des proportions allant des puissants généralistes aux spécialistes plus modestes et à audiences ciblées, thématiques, locales etc. Depuis quelques saisons, une autre forme de contenus pour les consommateurs est venue troubler les ordres établis. Avec les plateformes de streaming, dont Netflix et désormais ses nombreux et valeureux compétiteurs, la télévision traditionnelle, gratuite ou payante, rencontre des courants lui rendant la vie moins facile. Elle n'est plus la seule à vouloir (et pouvoir) s'afficher sur l'écran du salon. Changement d'ère...!
Imprévu au programme, en ce millésime 2020, un agent pathogène s'est glissé dans la vie quotidienne et économique au point de plonger dans des difficultés colossales la quasi-totalité des entreprises, avec pour effet non ne provoquer, mais de sérieusement accélérer certaines évolutions. En Europe, au sens large, on dénombrait jusqu'à l'irruption du virus environ 11.418 chaînes, répertoriées dans la base "Mavise"*, 4.757 d'entre elles étant locales, et (seulement) 21% ayant recours à la TNT. Les principales catégories donnent une vision assez différente de ce que sont les scores d'audiences. En particulier lors du confinement, les quatre chaînes d'information en continu ont accumulé des audiences très importantes, alors qu'en pourcentage des canaux diffusé, elles se perdent presque dans l'épaisseur du trait.
Généralistes | 21 % |
Film et fiction | 13 % |
Sport | 12 % |
Loisirs ("entertainment") | 11 % |
Musique | 7 % |
Enfants | 6 % |
Loisir,style de vie, santé, voyage | 6% |
Les conditions économiques devenues soudain plus difficiles, du fait de la chute vertigineuse des recettes publicitaires, associées au changement irréversible des usages du public risquent de sérieusement bousculer l'arithmétique de cette télévision. On s'attend à voir certains acteurs à jeter l'éponge, à enregistrer des rapprochements, des fusions, des restructurations. Des plans sociaux risquent d'ailleurs d'être annoncés, tandis que les cachets et émoluments vont être redimensionnés, tout comme les budgets alloués à la création de contenus. Et il est permis d'imaginer que le nombre des chaînes existantes ne devrait donc pas se maintenir tel qu'il est au cours des saisons à venir.
* Base "Mavise", couvre l'EU (28 pays) ainsi que les territoires suivants : Albanie, Arménie, Bosnie Herzégovine, Géorgie, Islande, Liechtenstein, Monténégro, Nord Macédoine, Norvège, Serbie, Russie, Suisse, Turquie, Maroc.

