
Marre de ces annonces d'innovations qui ne sont que des perfectionnements rikiki…? La firme créée par Bill Gates, en mémorisant des données sur de l'ADN, dévoile ce qui peut devenir une véritable rupture technologique majeure.
- DVSM, 25 mars 2019. Pour le coup, l'expression "c'est nouveau" est pleinement justifiée. Elle va bousculer l'usage sauvage de l'abréviation de cet acide désoxyribonucléique qui, depuis près de de 35 ans*, émoustille les médias et inquiètent ceux qui ont peut-être eu quelques écarts de comportement à l'égard de certains ou certaines de leurs proches. L'ADN est une formule bien trop galvaudée. Elle est supposée définir l'habitude de tout marchand qui soigne bien ses clients, des industriels qui, c'est bien le chien, revendiquent et même étalent un comportement politiquement et écologiquement correct (pour ne pas dire modèle).
Cependant, ce travers de langage apprécié de ceux qui manquent de vocabulaire est aussi une réalité scientifique majeure. Une structure moléculaire qui permet de stocker des informations définissant des aptitudes, des faiblesses, des vulnérabilités, les origines et les codes génétiques des vivants ou de ceux qui ont vécu, permet de confondre les voleurs et les assassins. Grâce à cette molécule, ne vient-on pas enfin de lever le doute sur l'identité de Jack l'éventreur...? Des chercheurs de l'Université de Washington en collaboration avec la R&D de Microsoft ont donc probablement imaginé que cet acide pourrait peut-être conserver aussi des informations qui lui seraient transmises. En IT, cela s'appelle des données. Et le résultat est étonnant, ou encore plus que cela, ça marche…!
A tel point qu'un engin expérimental baptisé, faute de meilleure analogie, "disque dur", a été réalisé, et serait capable de recueillir et de conserver d'une manière encore plus microscopique que tous les systèmes courants des données telles qu'on les utilise dans la high-tech. Attention, cette conquête scientifique est expérimentale. Ne comptez pas vendre dès le prochain back-to-school de telles mémoires de masse à vos gentils clients. Mais si l'expérimentation se transforme en réalité utilisable pour tous, une page historique dans le sens le plus grandiose du terme sera tournée. Ce qui pourra aussi faire naître quelques inquiétudes.
En effet, c'est aussi la possibilité d'intégrer des données venues d'ailleurs dans cet ADN, présent dans toutes nos cellules, qui devient une éventualité (et de ce fait, une infinité d'éventuelités) d'un futur non dimensionné. On sort du cadre de la copie et des clones. La science de moins en moins fiction frappe peut-être à notre porte. L'imagination peut se permettre de vagabonder. De l'ADN transformé, culturellement ou... politiquement, en durée de vie, de l'ADN intégré aux robots, des données effacées pour ceux qui ont un profil de meurtrier ou qui aiment trop les desserts sucrés... Bon, du calme. D'autant plus que le 1er avril n'arrive que dans une semaine...
* Découvert au début des années 50, objet d'un Prix Nobel** en 1962, c'est au confluent des années 70 et 80 du siècle dernier que l'ADN est devenu aussi une sorte de coqueluche des médias.
** Savant suédois dont on ignore souvent qu'il a réalisé une bonne part de ses découvertes lorsqu'il résidait à Sevran (France, 93) dont celles d'explosifs qui l'ont conduit à créer des prix récompensant des disciplines majeures, afin de corriger les effets dévastateurs des matériaux qu'il avait su mettre au point.

