CENTRE VILLE : une nauséabonde prolifération de conteneurs avec trappes à puces…

Non seulement les magasins disparaissent, mais pour ne rien arranger, des conteneurs à ordures qui se multiplient n'améliorent rien à un décor devenu bien triste.

- DVSM, 9 décembre 2020. S'il faut réanimer le centre des villes, ce n'est peut-être pas en y faisant converger des tas de détritus que cette louable volonté sera couronnée de succès. Il n'a pourtant échappé à personne qu'une sorte de "religion" unique s'empare de cette fonction vitale consistant à évacuer les débris de la vie en ville. De l'empire romain avec sa grande cloaque aux grandes manœuvres destinées à rendre un peu moins "inconfortables" les rues de la capitale, de l'évacuation des eaux usées à la collecte des immondices plus ou moins triés, que de chemin parcouru…! Sommes-nous dans une sorte de machine arrière…?

Les municipalités et communautés de communes optent en effet de plus en plus dans l'installation de conteneurs enterrés supposés recevoir des ordures triées de la part des riverains. Hélas, deux inconvénients majeurs accompagnent cette mode discutable. Le premier tient au calibre. Passé une dimension relativement modeste, visiblement calculée pour ne permettre que le passage de sacs de capacité moyenne, ça ne passe plus. Le contenu atterrit alors le plus souvent à côté de la partie extérieur de ce collecteur, sorte de borne elle-même d'une esthétique discutable. Le second tient à une tarification associée au nombre de soulèvements du couvercle. C'est la duplication de la tarification aux poids ou volumes qui se multiplie avec les bacs dotés de puces, là où le ramassage reste la base de la collecte. Conséquence, les sacs que des utilisateurs se contentent de poser près des mêmes collecteurs ajoutent leur détestable charme, ce qui ne constitue pas le point final du phénomène. Car une immondice en attire d'autres. "Sans compter les chats qui viennent gratter, les chiens abandonnant leurs déjections, et même certains individus se soulageant…" affirme un voisin de cette réussite. Dans une vieille ville pittoresque et touristique du Roussillon, c'est le responsable d'un traiteur qui, ayant compris l'intérêt d'un centre-ville plein de charmes, a investi dans beau et onéreux décor de magasin, qui répond à nos questions en vociférant rouge de colère contre l'implantation à quelques pas de sa jolie devanture de tels conteneurs, ajoutant que "ça attire les rats". 

Cette tendance est liée, selon des élus interrogés, à un recours à des entreprises très puissantes spécialisées dans la collecte des ordures ménagères qui, dans des contrats très difficiles à détricoter par les municipalités, imposent de fait des méthodes induisant de meilleurs rendements et des économies d'échelles. Ce qui ne fait pas pour autant baisser les prélèvements obligatoires pour les ménages. En cette époque où certains n'hésitent pas à qualifier le moindre panneau publicitaire de polluant visuel, on attend toujours leurs premières et virulentes réactions.