CINÉ-VIDÉO, l'offensive de l'image animée a toujours eu des effets perturbateurs.

Dès l'invention du cinéma, la question des contenus s'est posée, et donc celle de la création et de l'animation d'une chaîne de production et de diffusion. À alimenter, comme toute offre devenant… commerciale. Heureux, ou scandaleux…?

- DVSM, 18 mai 2021. "Le cinématographe pénètre partout, s’impose partout, non pas parce que le public le désire, mais parce que les producteurs ont des appareils et des vues à placer. Le public est un bon diable... On lance un auteur ou un acteur comme un purgatif." Cette remarque fut écrite en 1908 par le philosophe Alain. En transposant à peine quelques détails, elle pourrait s'appliquer à chacune des étapes de la déjà longue aventure de l'audiovisuel métamorphosé en univers numérique. Doucement, la télévision classique se trouve face à face avec des initiatives offrant plus de choix et de latitude à l'utilisateur. Parfois décrit comme un phénomène inédit, cette lente mais inéluctable migration vers au moins un panorama à deux composantes, le "linéaire" programmé, le spectacle au menu, et le vaste choix, le spectacle à la carte, n'est que la répétition des apparitions de nouveaux segments économiques. Le mécanisme est comparable à l'avènement des chemins de fer (qui a généré l'univers économique des voyages et du tourisme) avec ses destinations et ses horaires (le menu), un domaine mis ensuite face au développement de l'automobile, avec un individu ayant le choix d'aller où il le veut, quand il ne veut, la carte.

Dans les contenus de l'audiovisuel numérisé, se retrouve pourtant un paramètre lourdement influenceur. Le nombre de spectateurs maximal reste le même, ainsi que le temps dont il dispose, dans l'absolu, 24 heures par jour. Une limite qui impose aux acteurs des prises de parts de marché les plus amples et rapides possibles, d'autant qu'à domaine nouveau et en croissance, les compétiteurs surgissent de toutes parts. C'est la compétition, voire la bagarre. L'avenir sera inévitablement un passage par lequel la simplification s'imposera. Cette phase aussi baptisée "rationalisation" a déjà commencé.

La fusion entre TF1 et M6 en est un élément, mais ce mouvement, attendu depuis quelques jours et qui se hisse à la Une de bien des gazettes, est moins à observer sous l'angle presque anecdotique du rapprochement de deux canaux leaders et concurrents (il est probable que les deux chaînes principales et leurs chaînes "sœurs" seront maintenues, mais probablement avec certaines harmonisations) que sous celui de la volonté du puissant groupe Bertelsmann qui se sépare d'un duo vedette, M6+RTL... Preuve que les meilleurs profits ne sont plus à guetter dans cette direction. La rationalisation prévue aura lieu, et pas forcément sans douleur. 

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