CINÉMA, faut-il persévérer avec des soirées de récompenses qui dérapent vers le minable...

Parfois, on en redemande. En la circonstance, ce ne sera pas le cas. Quand des professionnels oublient de remplir la mission qui préside à l'exercice naturel de leur métier, ils se font plus de tort à eux-mêmes qu'ils ne déçoivent l'audience. La TV mérite mieux.

- DVSM, 14 mars 2021. En terme d'audience, les retombées sont claires. La télévision n'est probablement pas tenue de retransmettre des séances telles que celle qui a été proposée ce week-end. Et qui a permis à pas mal de téléspectateurs d'aller se blottir de bonne heure sous une couette bien plus fréquentable. Quand on évoque le cinéma, les mots qui reviennent immanquablement sont le rêve, l'immersion, etc... Les vraies récompenses sont du reste celles que le public attribue en réalisant des entrées par millions, ou des audiences bouillantes à en mettre en danger les mesuromètres de tous les Médiamétrie de l'univers. Les Césars, institution qui, sous l'effet d'une possible jalousie, singe un peu les Oscars d'Hollywood (où pas mal de petites dérives sont d'ailleurs également observées), ont depuis longtemps été le refuge d'un entre-soi d'un métier où transpire une certaine "faucusitude", avec sourires forcés dans un public faisant, en surjouant faux, mine contrainte d'émerveillement. Le tout émaillé d'interventions supposées drôles ou originales de quelques artistes en mal de reconnaissance. En s'affirmant à longueur de tirades comme les victimes d'un virus qui, en ont-ils conscience, ne frappe pas que le monde qui évolue sur les toiles, on se seraient demandé si certains savaient dans quelles situations sont, par exemple, des restaurateurs, sans travail depuis des mois, mais pas sans une multitude de choses à payer quand même, que les aides sont loin de couvrir. Et aussi de multiples autres professionnels, dont les emplois sont pour beaucoup sur le fil du rasoir, et entreprises en panique avant naufrage. Ces pros ne profiteront pour autant d'aucun happening pour venir se dénuder pitoyablement, croyant faire partager au monde leur pauvre malheur personnel. Au moment où la télévision "linéaire" oscille entre un passé dépassé et un futur où se multiplient les inconnues, consacrer des heures à diffuser de tels "cérémonies" (vertige du vocabulaire...!) ne contribuera probablement pas beaucoup à doper les ventes des plus beaux écrans. Heureusement pour ceux-ci, le bon spectacle, en cinéma ou autres divertissements  existe encore. La prochaine fois, M'sieur Canal, passez nous un bon film... Yves Dupré 

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