
La générosité coûte cher. Même s'il s'agit d'une "auto-générosité". L'heure de présenter l'addition approche, et si elle ne peut être que salée, la manière d'en réclamer le règlement ne devrait pas davantage manquer de sel.
- DVSM, 14 mai 2020. Certaines photos prises depuis des satellites d'observation permettent, grâce à la détection des infra-rouges, de reconnaître des sites industriels en activité et d'autres qui ne le sont pas. Si de tels clichés étaient pris sur le site de Bercy, il est probable qu'ils montreraient une vigoureuse effervescence décelable au cœur d'un très fébrile Ministère des Finances. Après avoir "balancé" des aides dans toutes les directions, peut-être en tablant sur un impact viral plutôt limité dans le temps, le message est adressé à qui veut l'entendre d'une manière quotidienne depuis peu. Les limites du possible sont atteintes. Impossible de continuer ainsi, et même, mettre en action les rétro-fusées serait plutôt conseillé. Au-delà et peut-être même déjà maintenant, le signal d'alarme sonne à tue-tête, incitant ceux qui en ont la charge à propulser des annonces préparatoires. Sans aller jusqu'à lancer un "dès juin, débrouillez-vous", ces grappes de sous-entendus ne sont pas loin d'une réalité montante.

Toutefois, moins d'aides et indemnités, c'est bien, mais pas du tout suffisant. Quand, chez certains de nos voisins plus habitués à parler net et clair envers la population, s'évoquent des augmentations d'impôts et la création de prélèvements nouveaux, c'est exactement le discours opposé qui sourd de ce que seuls les sourds n'entendent pas. "Rien de tout cela" osent mentir quelques responsables, qui savent qu'en langue de Molière, il y a mille et une façons de dévoiler des prélèvements amplifiés en les noyant dans des circonvolutions syntaxiques si ciselées que les plus attentifs pourraient s'y perdre. Grâce à ce talent, notre nation reste solidement installée sur la plus haute marche du podium fiscal des pays avancés. Il n'est guère étonnant d'entendre parallèlement des détracteurs expérimentés en venir aux classiques allusions dans le style "faire payer les riches" et marier une fois encore les notions de solidarité et les envies revanchardes d'ISF. Que n'avons-nous su garder sur notre sol des milliardaires qui, comme Bill Gates et quelques autres, se sont montrés les plus solidaires. Chacun peut cependant observer que du très restreint club des vrais milliardaires et la notion de richesse fiscalement sous-pesée à la française, le périmètre s'élargit considérablement, touchant ce qu'en une analyse loyale on désignerait par le cœur des classes moyennes. Mieux vaut donc faire simple. Quel que soit le discours, vous, vos concurrents, vos fournisseurs, vos clients, tout le monde va passer à la caisse. Y.D.

