ECONOMIE : "Circulaire", y'a rien à voir...! Ou comment certains réinventent ce qui est l'éternel...

Durable, mais encore... Qu'on ne jette pas ce qui se réutilise, voilà bien un phénomène inédit...! Selon certains. Se lever tard nuit,  non sans quelques revers de médaille...

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- DVSM, 1er mars 2022. Ne faudrait-il pas de temps en temps lâcher les "redifs" de Columbo et revenir vers Molière, et la célèbre prose de Monsieur Jourdain...? Souvenirs... Années 70, Tunis. Les touristes venus de l'Hexagone n'en reviennent pas. Dans la capitale de cet ex-protectorat français, les taxis sont encore des... 4CV Renault. Cette réutilisation bien après que la petite auto ait disparu des routes de nos villes et campagnes était-elle une illustration avant la lettre de cette "économie circulaire" qui hante les gazettes et suscite tant d'attention de la part de certains observateurs...? Re-souvenir. D'innombrables autocars sont venus au rendez-vous de la finale du Mondial de Football 1986 et se sont rangés près du stade Azteca de Mexico. Etrange. Ils ont un air de déjà vu, et ne semblent plus dans une parfaite fraîcheur. Et pour cause. Ils ont été acquis d'occasion chez le "voisin du dessus", géographiquement parlant. Une part de l'Amérique latine a donc vécu en utilisant une Amérique d'occasion, et quelques documentaires sur des routes tropicales et équatoriales souvent diffusés sur certaines chaînes TV indiquent que l'Europe est aussi un lieu de fournitures pour des équipements un peu vieillots mais qui peuvent encore servir.

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Il y a un quart de siècle, un modèle de point d'échange de l'occasion est lancé en Scandinavie, et inspirera en 2006 la création du Bon Coin. Alors que dans les années 70, les boîtes aux lettres de France (entre autres) se remplissaient de journaux de petites annonces, et que s'installait chaque jeudi dans les kiosques La Centrale des Particuliers. Et dans tous les domaines, grand public ou professionnel, l'occasion est une réalité de tous les temps, une économie à part entière, qui génère ses emplois, ses recettes, ses rentrées fiscales. Oui, mais circulaire, ce n'est plus pareil. Des ingrédients philosophiques d'une noblesse citoyenne inédite changent tout. Toutefois, si des observateurs ou des bureaux d'études ont choisi d'y consacrer un effort d'analyse (et de vendre des dossiers), c'est parce que le bouillon de culture de l'occasion et de la vente et revente entre individus, vieux comme le monde, semble avoir subi une évolution récente et importante. Sa métamorphose concrète se situe dans les moyens numériques, qui ont porté à une dimension jamais atteinte les capacités de communications entre les uns et les autres. Mais surtout, sa conversion sociale et sociétale s'appuie sur une religion de la planète venue remplacer toutes les autres. (Il y a 200 ans, quand un éboulement ou la colère d'un cours d'eau, voire d'un volcan, détruisaient et tuaient, on le devait à l'être suprême. Aujourd'hui, ce sont 1,8° de plus et le diesel qui se retrouvent en accusation). Un peu comme pour le commerce du "neuf", le moins neuf est à son tour modifié par sa facette en ligne, qui voit au moins deux unités, celle du temps et celle du lieu, effacées. Au moins partiellement. Car il reste du monde dans les galeries marchandes, sur les marchés, dans les linéaires des spécialistes. Tout comme il y a aussi des spécialistes, mieux organisés et nombreux, pour l'automobile de seconde main, tout comme les brocantes ne cessent de s'organiser, et comme les vide-maisons et vide-greniers ne faiblissent pas... et s'annoncent en ligne. Dans la forme, il y a bien du neuf dans l'occasion. Dans le fond, beaucoup moins, tout habillage mis à part. Même quand les équipements de seconde main sont pris en charge par un marketing compétent, ce qui n'a rien de novateur. La méthode reste guidée par un vocabulaire adapté, un peu revalorisant par rapport à la simple notion d'occasion. La FNAC a durant des décennies cultivé avec un succès justifié ses linéaires de photo non sous la dénomination "appareils d'occasion", mais celle plus noble de "second déclic". 

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Il ne faut par ailleurs jamais perdre de vue que stimuler le commerce de seconde main est une manière habile de stimuler celui du neuf. A la formule désormais bien assimilée "tu ne l'utilises pas, vends- le", vient la suite logique, un autre bien remplacera ce qui est parti ailleurs. "Une Mercedes d'occasion reste une Mercedes". Cette citation intégrale d'un quidam rêvassant devant un parking d'automobiles "de faibles kilométrages" résume la réalité la plus élémentaire qui soit, celle d'une possibilité de s'offrir pour moins d'argent ce qui est trop cher à l'état neuf. La belle berline d'outre-Rhin aura permis à une toute fraîche sortie d'usine de prendre la route. Pas besoin d'être circulaire pour que ça tourne...!
 

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