Erreur présumée sur la croissance démographique : on efface tout et on recommence…! Prédire ce dont sera fait le futur est un exercice dangereux pour les prévisionnistes. Un nouvel exemple de la complexité de cet art se fait jour.
- DVSM, 22 octobre 2020. Voilà un entrefilet qui, en dépit du poids de ce qu'il sous-entend, n'a pas eu la chance de grimper dans les échelons de l'actualité. Pourtant, dans le courant du mois de juillet dernier, il est vrai très accaparé par le déconfinement, le "noyau dur" d'une étude scientifique menée par une fondation financée par Bill Gates et son épouse avait été jugée sérieuse par bon nombre d'observateurs. Si sérieuse même qu'elle avait fait l'objet d'une information diffusée entre autres par l'AFP dont, en cherchant bien, mais alors vraiment bien, il est possible d'en retrouver le traitement dans diverses gazettes. L'étude porte sur la population mondiale, et apporte un correctif d'ampleur aux prévisions de croissance jusqu'alors largement diffusées. Pour résumer, d'ici la fin du siècle, alors que plus de 10,8 milliards d'humains étaient supposés peupler notre planète, ils ne seraient qu'un peu plus de 8,8 milliards, en raison d'une natalité trop fortement anticipée. Ces 2 milliards d'individus, ce qui porte l'erreur supposée à 20%, ce qui n'est plus l'épaisseur du trait, pourraient engendrer beaucoup d'autres révisions. On imagine notamment les conséquences en termes de consommation, pour le commerce, pour l'industrie, pour les budgets de recherche... Trop "de monde sur terre est problématique, pas assez encore davantage".
C'est en effet un vieillissement de la population terrestre que sous-entend cette correction, avec pour corollaire cette inversion très préoccupante des grandes tendances économiques, mais pas seulement. Car cette bascule engendrerait une tendance baissière difficilement corrigeable. Accessoirement, cette étude conduit aussi à repenser certaines prédictions concernant la pollution et le très fameux réchauffement climatique, lui aussi appuyé sur les hypothèses hautes et sans interruption des évolutions démographiques*. Il reste que d'une manière générale, l'inversion des évolutions quantitatives de la population sont effectivement hautement probables. L'Europe n'est plus en phase positive, et l'Asie ne cache pas redouter, dans plusieurs de ses contrées jadis symboles de natalités galopantes, l'amplification d'un vieillissement déjà amorcé.
* Et avec un refus plus ou moins avoué –et à la limite suspect- de la prise en compte de variations climatiques d'ampleur que la terre connaît depuis des 4,5 milliards d'années d'existence, ce qui est un autre sujet.