
C'est un peu comme ces vedettes du show-biz qui voudraient échapper aux paparazzis ou ces politiques de haut niveau qu'un rien peut vite cataloguer à tout jamais…
- DVSM, 9 août 2020. Le Frigidaire, la Jeep, le Walkman, on ne compte plus les marques commerciales devenues des "termes génériques", noms propres devenus communs. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui figurent dans les dictionnaires les plus sérieux. Le plus connu des nettoyeurs à haute pression suit la même trajectoire, ce que son producteur ne supporte pas. Ou pas tout à fait. D'où des placards publicitaires vus ces jours derniers, dans des gazettes très suivies. En résumant le contenu de cette initiative, qui participe à la notoriété de la marque, s'exprime un désir ardent de voir ce patronyme ne pas se mélanger à des discours politiques. Il est vrai que les
propositions (hélas rarement suivies d'effets) dans le style "on va vous nettoyer le quartier au Kärcher" ne font pas référence aux facettes les plus sympathiques de notre société. Pourtant, l'évocation de ce nettoyeur aussi énergique qu'efficace sous-entend une perspective d'éliminer voyous et autres perturbateurs de la vie normale. La revendication de l'industriel est compréhensible, mais elle sous-entend une sorte de quadrature du cercle communicante, qui n'éliminerait que les aspects les moins ragoûtants de l'utilisation de la marque, mais pas ceux qui font allusion à de véritables nettoyages compliqués, murs, terrasses, carrosseries d'automobiles, vieux vélos… Utilisation dans laquelle non seulement l'efficacité des équipements maison mais aussi la qualité, deux forces reconnues, seraient jetées avec l'eau du nettoyage. Toute gloire à ses revers.

Mais c'est aux discours trop souvent truffés d'inculture des acteurs politiques qu'il faudrait sans doute s'attaquer. Ces candidats déployant une ferme volonté de diriger, organiser, gérer, harmoniser la vie de leurs semblables, ce qui suppose une très haute compétence en tous domaines, sont-ils à ce point limités dans leur vocabulaire au point de ne pouvoir promettre des retours à la propreté sociale de certains quartiers qu'en faisant allusion à des équipements industriels…? Dans ce sens, le message de la firme Kärcher est clair : c'est bien aux acteurs politiques que s'adresse son interpellation. Laquelle ne laisse en rien transpirer la moindre volonté de revenir à un anonymat, qui remettrait les appareils évoqués au même niveau que tous les "no-names" et autres "me-too", aux profils hautement reconnaissables, teintés sans vergogne jaune et inox brillant, qui inondent les linéaires, autre rançon d'une notoriété patiemment façonnée et visiblement méritée. Un combat vieux comme le monde, qui ne peut s'accommoder d'une philosophie incompatible avec la notion du "vivons Kärcher, vivons caché"...!

