Les révélations du patron du groupe VAG sous-entendent peut-être un avenir bien terne pour l'industrie automobile du Vieux Continent avec, pour lui seul, entre annuellement 7 et 8 millions de véhicules en moins produits d'ici 2035. Voire pire...! Ce qui serait plus qu'un avis de tempête...
- DVSM, 23 décembre 2024. Doit-on se concentrer sur les chiffres qui paraissent les plus annonciateurs de douleurs, ou faut-il passer au microscope ceux qui semblent blottis dans une lumière tamisée...? Certes, 35.000 emplois en moins, même "étalés" sur 5 ans, font naître une onde de choc apte à nous plonger tous dans une lourde inquiétude. De citations en interprétations surtout médiatiques, ce vent glacial venu d'outre-Rhin se traduit surtout pas des commentaires du presque premier degré. Il suffit pourtant de se reporter à la longue interview accordée ces jours derniers au Franckfurter Allgemeine par Oliver Blume, (photo), PDG du Groupe VAG, qui règne depuis deux ans sur le destin non seulement des Volkswagen, descendantes de la célèbre Cox, mais aussi celles des 13 autres marques de l'industriel (dont Audi, Seat, Cupra, Skoda, Porsche, Bentley...). Acidulée par des engagements sur le long terme d'un style connu comme "pas de licenciements" ou "nous ne lâcherons personne", le patron de Wolfsburg n'en dissimule pas l'état d'un ensemble productif très surdimensionné. La projection des 35.000 emplois est faite d'ici 2030. Mais un indice devrait sans doute davantage retenir les attentions. Oliver Blume chiffre à 740.000 véhicules en moins produits annuellement jusqu'au terme des cinq millésimes évoqués. Et comme il est fait allusion à l'échéance du "tout électrique" fixée pour l'heure à 2035, comment ne pas comprendre que durant cette décennie, entre 7 et 8 millions de véhicules "en moins" seront probablement produits par ce seul groupe. Une projection forcément floue, mais qui ne peut que s'appuyer que sur une haute probabilité, le groupe ne reviendra à l'évidence pas pas, par miracle ou par folie, aux volumes "d'avant" dès le 2 janvier 2031. Oliver Blume pourrait résumer de la sorte.: une page a été définitivement tournée dans cette activité.
Il ne faudrait cependant pas tout mettre "sur le dos" de la seule concurrence chinoise et du difficile passage à l'électricité. Si des constructeurs ont compris qu'il faut moins produire, c'est aussi en mesurant les effets d'une démographie en peine, qui ne peut que réduire la demande perceptible dans les prochaines années -et même décennies-, sans même évoquer les contraintes sur le pouvoir d'achat, pénalisé par... la réduction de la demande en produits industriels, et pas uniquement du domaine de l'automobile.
Dans sa longue interview, Oliver Blume n'occulte pas le souhait de voir corrigé cet engagement sur l'électromotricité, pas plus que la perspective d'un redressement de ses ventes en Chine (qui ont spectaculairement dégringolé au cours des derniers exercices), l'objectif de travailler à la production de véhicules électriques moins chers. Cependant, ces propos ne viennent que s'ajouter à tout ce que l'on sait déjà des évolutions dans d'autres groupes de la même industrie, sur le Vieux Continent. Des doutes planent sur le potentiel productif de Stellantis, ou de Renault qui, passées les parts de capital -et une belle trésorerie- récupérées de Nissan, pourrait se sentir bien seul. A Cologne, Ford se passe de 4.000 de ses collaborateurs... etc. Alors que dans le même temps, des asiatiques se renforcent dans des perspectives de fusion, à l'évidence en prévision de la montée en puissance des concurrents de l'Empire du Milieu. Par certains aspects, cette agitation n'est pas sans rappeler celle qui avait frappé l'électronique grand public européenne il y aura bientôt un demi-siècle. EGP dont il ne reste pas grand chose...