Non seulement la spectaculaire chute du coût apporte sa contribution à un mode de transport que les entreprises, fournisseurs et clients, apprécient également pour des raisons purement financières.
- DVSM, 12 décembre 2024. Plus les marchandises sont acheminées promptement, mieux se portent les trésoreries des fournisseurs comme celles des clients. Si les transports de passagers sont en bonne progression au niveau mondial, l'IATA (qui regroupe 80% des compagnies aériennes de la planète) souligne aussi, et presque surtout, le bond colossal du segment du fret, qui devrait, dès 2025, représenter 15,6% des recettes mondiales du transport aérien total. La croissance qui en est prévue pour le prochain millésime est estimée à +6%. En toile de fond ce cette évolution puissante, une explication apparaît clairement. Le tarif du fret, que l'IATA exprime pour des comparaisons significatives en dollars US par kilo transporté, est actuellement de 1,34.$. Ce qui représente une chute de son coût de près de -25% (-24,4% exactement) en moins d'une décennie. De quoi rêver, lors d'un passage à une pompe de sans plomb...!
Cette réalité reflète la nécessité de réduire le temps mort entre une source lointaine (fournisseur) et son destinataire (filiale ou circuit de distribution). Ce temps entraîne inévitablement des coûts financiers, soit au point de départ, soit à l'arrivée, puisqu'il conditionne la possibilité de facturation et de règlement. Qui plus est, la nécessité de s'inscrire le plus près possible des rythmes de diffusion et donc de consommation est plus impérieuse que jamais, ce que les produits techniques subissent de plein fouet. Inimaginable par exemple de se contenter de smartphones ou dispositifs de jeu partis d'Asie au mois d'août, pour se glisser dans les flux de ventes deux à trois moins plus tard, suite à un transport maritime et une répartition jusque dans les linéaires, rendant de surcroît les opérations de réassortiment quasi poétiques.
Cette tendance s'inscrit également dans une perception de l'aérien ayant sensiblement évolué en quelques années. Pour les passagers, les sentiments "honteux" pour s'autoriser à utiliser un mode de déplacement audacieusement (et faussement) qualifié de polluant par les organismes politico-écologistes, se sont estompés. Tant mieux, car non seulement le trafic aérien, selon une réalité à présent largement reconnue, n'est responsable que d'une part très modeste des rejets de gaz à effets de serre*. Mais les flottes d'aéronefs, qui se renouvellent rapidement, atteignent des niveaux de consommation extrêmement réduits. Un long courrier récent n'avale qu'entre 2 et 3 litres de carburant au 100.km par passager. Sur les 7 à 8 milliards d'individus vivant sur terre, environ 5 milliards utilisent l'avion, régulièrement ou occasionnellement. Si l'idée très répandue selon laquelle cet usage serait surtout celui des très longues distances est fortement enracinée, il semble que l'aérien se conforte autant d'une manière locale. Environ 80% des avions construits se destinent aux court et moyen courriers. (En France, les coûts du chemin de fer et les temps de parcours, interdisant l'aller-retour dans la même journée, essentiel pour de nombreux professionnels, militent pour un arbitrage fréquent entre avion et route).
* Au point que la suppression de 100% des trafics routier et aérien n'effaceraient qu'un quart de ces émissions, largement liées aux activités industrielles et de certaines productions d'énergie. Qui veut tuer son chien l'accusait désormais de rejeter des GES...!