Connecté, connecté... mais encore..? Dans certaines statistiques, les petits mélanges du vocabulaire deviennent utiles à la réalité pour les consommateurs. La "connexion" est désormais présente partout ou presque...
- DVSM, 28 novembre 2024. Mélanges dans le vocabulaire...? Dans ses très intéressantes compilations de statistiques, tout récemment publiées, l'ARCOM (qui s'appuie aussi sur les données de Médiamétrie) ne cesse de parler de taux de possession de "télévisions". De "téléviseurs" serait le mot juste*. Un peu démodé, le substantif "poste" (là, d'accord de "télévision") fait souvent son apparition dans les documents évoqués, ce qui, finalement, convient mieux que "récepteur", très évocateur d'une captation d'ondes, alors que la réalité est davantage devenue celle de l'acquisition de flux de données. Ces circonvolutions autour du vocabulaire n'ont rien d'anecdotique. Elles reflètent cette vision aux facettes multiples, et usages du même adjectif, qui s'est doucement associée à l'idée que chaque utilisateur se fait non plus du, mais des écrans dont il dispose à la maison... et ailleurs (poches, sac, auto, avion, TGV, vélo, métro, dodo...) Ce qui conduit à ce quasi paradoxe.: plus les images sont nettes, plus la définition de l'équipement est floue...
Ainsi, les premières salves dans les offres des fabricants annonçant des "téléviseurs connectés" avaient alimenté des envies de rectifications de principe. "Vous voulez-dire connectables...!" avait-on entendu dans l'incontournable brouhaha bourdonnant des commentateurs de toutes plumes. Donc des joujoux dotés de ce qu'il faut pour à la fois capter l'onde télévisuelle et les paquets numériques issus de la toile. Le temps n'a pas trahi sa réputation de maître du changement. Il y a en France et en 2024 plus de 86% de foyers disposant d'un téléviseur... bel et bien, concrètement, connecté. (Plus exactement, au dernier coup de carillon de la Saint Sylvestre 2023, ou début 2024, millésime en cours, dont le décomptage ne sera accessible qu'une fois entamé les premières heures de 2025). Donc connectés et pas seulement connectables. (Des foyers équipés en téléviseurs, ce qui n'est pas loin de la totalité). Mais, cette "connection" est-elle aussi consciente qu'on l'imagine...? Pas si sûr. Car celle-ci peut être concrétisée avec une box d'opérateur, en ADSL ou Fibre, avec une console de jeu, ou encore un boîtier de TV... connectée. La progression dans ce mode donc dit connecté a connu un véritable coup d'accélérateur dans la mouvance découlant du Covid, mais pas seulement. La connexion TV "de fait" est ainsi passée de 79,8% en 2020 à 84,7% en 2022, un bond de +5% en seulement deux ans. (A noter, l'ordinateur n'entre plus dans les statistiques comme un instrument de connexion du téléviseur). Si l'épidémie covidienne et la mise à niveau des équipements a eu une influence non négligeable, l'envie de connexion s'est aussi nourrie d'une nécessité forte, plus administrative mais moins charmeuse. Ce sont en effet les années où la fiscalité est doucement mais impérativement devenue, elle aussi, connectée. Point d'accès au Net...? Obligatoire pourtant pour les déclarations fiscales...! S'en dispenser revient à courir le risque de vivre sous la menace d'un statut aigre-doux venu tout droit de Bercy. En France, la fiscalité gère tout, c'est Net. Alors, connecté pour connecté, autant en profiter pour voir tout le spectacle qu'un banal "tripeulplay" est en mesure de procurer...
* Rappelons, à titre d'exemple, cette équivalence rurale : le cultivateur utilise un "tracteur" pour labourer son champ, pas une "traction"...