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Pour le commun des individus, et même pour de nombreux intervenants au sein de l'activité économique, commerce inclus, la réalité d'une dette qui plombe l'atmosphère est mal cernée. Et donc mal comprise... 

- DVSM, 30 novembre 2024. Il n'y a pas "la", mais "les" dettes... Nuance singulière qui ne fait pas seulement référence à des dettes accumulées, mais à des distinctions catégorielles qui, d'une dette à une autre, changent tout. Pour un individu, ou un ménage, la dette est une collection de petits ou de gros crédits -par exemple- ou de découverts bancaires. Afin de rendre possibles certaines dépenses, le recours au financement échelonné est une méthode permettant d'accéder à des biens durables (logement, véhicule, équipement ménager, mobilier...). Pourquoi payer en une seule fois quelque chose que l'on gardera longtemps, 10, 20 ans, ou plus.? Question qui ne se pose même pas, puisque pour de nombreux candidats à l'acquisition des actifs de ce genre, le "payer cash" est tout simplement impossible. Il en va de même pour un Etat, non seulement pour acquérir des biens (ou investir, routes, lignes de chemin de fer, aménagement du territoire, immobilier administratif...) avec cette même préoccupation du long terme et de l'acte d'acquisition instantané. Dans trois ans "pile", vont se fêter -sauf impardonnable oubli-  les deux premiers siècles de nos chemins de fer.* Chacun comprend qu'il aurait été peu pertinent de financer "au comptant" des lignes et tout ce qui les accompagne. En revanche, comme pour le particulier, l'Etat a des dépenses impératives, qui ne peuvent attendre. Ce sont entre autres et par exemple les salaires de ses employés (fonctionnaires), des dépenses pour de l'entretien ou maintenance de biens publics, des engagements divers (dont des aides et des actions de solidarité). Et comme n'importe quel quidam qui, en fin de mois, doit payer un loyer, des cotisations, des abonnements, des factures, fait si besoin appel à l'éventuelle autorisation de découvert accordée par son agence bancaire préférée, l'Etat a recours à du crédit. 

L'inconvénient des ponctions fiscales redoublées est que, si elles permettent à l'Etat d'honorer des échéances à très court terme sans trop alourdir sa dette, elles privent les consommateurs d'un pouvoir d'achat que le commerce -premier touché- ne peut que subir par le repli de ses recettes. Donc, avec l'effet inévitable d'un ralentissement de l'activité économique, avec à la clé des pertes d'emplois, des recettes de TVA rognées... Mauvaise spirale...!

 

Toutefois, la différence entre l'Etat et l'individu (que l'on aimerait tant imiter...!) est que la premier est immortel, le second, vous, nous, non. Enfin, pas encore (message à Monsieur Musk...). L'Etat et son endettement peuvent donc entrer dans un processus au plus que long cours, presque l'éternité. Entre les deux, se glisse l'entreprise, petite, moyenne, ou grande. Avec une double spécificité. Elle peut être "très" mortelle, à effet quasi immédiat. C'est ce qui se produit dans une cessation des paiements (improprement appelée "dépôt" de bilan), ponctuée par un éventuel échec des remèdes envisagés, et donc une liquidation des biens (à ne pas confondre avec un jugement de faillite). L'immortalité de l'Etat ne lui procure pourtant pas une permission de franchir n'importe quel niveau d'endettement, qui peut parfaitement entraîner une impossibilité de régler quoi que ce soit. N'oublions jamais que l'Etat n'a pas d'argent. Il ne peut créer de toute pièce des liquidités. La bonne vieille expression "faire tourner la planche à billets" a pu être plus ou moins mise en oeuvre dans certaines circonstances. C'est à ce niveau qu'une différence fondamentale s'est insérée dans le mécanisme avec l'adhésion à la Communauté Européenne**.  Les sommes qu'il règle, depuis le premier centime, sous forme de chèques ou de virements (à ces employés, fonctionnaires, ou autres entités) ne proviennent et ne peuvent uniquement provenir que des fonds collectés par l'impôt, sur le revenu, la TVA, et par les autres prélèvements. C'est dans cette position très inconfortable que se trouve à présent l'Hexagone qui, en amplifiant le montant de sa dette, voit de jour en jour le montant des remboursements aux prêteurs grimper de la même manière. Avec des taux d'emprunts qui eux aussi, deviennent plus élevés, du fait des risques qu'ils encourent. Car si l'Etat "n'a qu'une parole", celui-ci n'a pas de source magique. L'exemple de la Grèce, qui s'est retrouvée il y a quelques années dans une impossibilité de faire ses paiements (donc de ses fonctionnaires etc...) est tout sauf de la fiction. Louis XIV, peut-être roi soleil, mais roi sans un sou, avait fait fondre les couverts de Versailles pour payer (en pièces refondues) les militaires de retour des champs de bataille. Ce genre de pirouette n'est plus utilisable à l'ère du sans contact. 

* Première ligne mise en service en France le 1er octobre 1828, entre Saint-Etienne et Andrézieux.   

** Dans le cas d'une fabrication de "billets" (ou autre forme de succédané de fonds propres), c'est la valeur internationale de la monnaie nationale qui perd de sa valeur (dévaluation de fait, ou organisée). Dans le cadre d'une communauté telle que celle du Vieux Continent, un pays ne peut s'auto dévaluer sans dévaluer l'Euro, devise commune qui concrétise les avoirs des autres membres, d'où l'obligation de respecter des déficits limités. C'est un point que chacun comprend mieux en imaginant sa propre réaction. Que dirait un Français si la gestion discutable d'un autre membre en arrivait à plonger son propre pays dans des soucis qu'il n'a pas contribué à créer...? 

 

Tag(s) : #- RÉALITÉS, #- ÉCONOMIE, conjonctures..., #- A LA UNE
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