Imaginer que toutes les éventualités ne soient pas prises en compte dans nos très efficaces services de Bercy est un rêve un peu trop aimable. Et si, en choisissant de prélever à la source, l'Etat s'était mis à l'abri d'une éventuelle grève de l'impôt...?
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- DVSM, 25 novembre 2024. Dans toute enquête, tout fin limier doit chercher le ou les mobiles d'un crime. Qualifier la fiscalité de crime est sans doute excessif. Mais, excessif, le recours débordant au prélèvement ne revient pas davantage à le ranger dans la pure innocence. Il y a quelques années seulement, le Ministère du Budget avait entamé cette grande évolution consistant à instituer le prélèvement à la source, concernant d'ailleurs essentiellement les salariés du public et du privé. Plus compliqué à appliquer en effet pour les commerçants en nom propre, les artisans, les professions libérales. Cette mesure fut donc décidée et réalisée avec succès, alors qu'elle avait été annoncée périlleuse, apte à subir mille et un ratés d'exécution. Et surtout, elle est apparue sous sa principale facette positive, une simplification découlant d'une pure logique. Puisque tous les salaires et revenus (retraites par exemple) étaient "déclarés", à quoi bon continuer à imposer à tant de foyers cette torture administrative de la déclaration fiscale, avec ses formulaires imbuvables et piégeurs...? Venait d'être inventé le "ouf fiscal". Certains vont jusqu'à croire que cette suppression est au nombre des éléments ayant incité à refiler à d'autres le Doliprane, potentielle victime d'un recul des migraines sur fonds d'abattements et d'évaluation d'éléments de train de vie.
Il reste que, aux plus hauts sommets de notre comptabilité nationale, le déficit ressemblant à une chute "niagaresque" de nos actifs n'a pas pu échapper aux rouages administratifs comme il se doit attentifs à tout. Lesquels imaginaient inéluctablement et depuis des années que tôt ou tard, la seule parade possible deviendrait fiscale. Comme cela se dit aux actionnaires de sociétés aux finances embourbées, la classique formule "il faut remettre au pot" serait forcément, un jour, servie aux foyers fiscaux sans autre ménagement. C'est du reste ce à quoi, en cette fin 2024, nous assistons impuissants. Une colère gronde. Sans autre réplique possible que de la vocifération numérique sur réseaux sociaux. Car, bien vu et de loin, le prélèvement sourcé tel que vécu désormais rend sans objet tout appel au non paiement de l'impôt (attention, mauvaise action lourdement réprimée par la loi). Les évolutions du mode de ponction ont-elles totalement été engagées sans qu'aucun sous-chef de service ne se soit, un petit matin froid, ou tard un soir, exclamé.: "Attention, avec de tels niveaux, les gens vont se révolter, ils pourraient aller un jour jusqu'à refuser de payer"... Même plus en rêve...! Si l'Hexagone recense (environ) 40 millions de foyers fiscaux*, dont 18 millions sont imposables, ceux-ci n'ont aucun moyen concret d'empêcher que se présentent les prélèvements. L'autre source majeure de recettes, la TVA, n'est pas davantage interceptable par les citoyens ou les entreprises qui la payent. Et toc... Il reste les contributions locales. Leur blocage, par mauvaise humeur dépassée, mettrait surtout dans l'embarras les ressources de cette France profonde... Et chèques et mat, aussi mat et tactique que mathématique...!
* Mais rappelons que 22 millions ne le sont pas, et que 10% de la population paye 70% de la recette sur les revenus...
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