JO, des épreuves en noir et blanc qui reviennent au galop…! C'était au temps où Tokyo…

1 Août 2024

Au temps où le Japon n'était encore vu que comme une terre fort lointaine, la France sombrant deux semaines durant dans son espoir déçu d'athlètes tout en or médaillés. Sauf un...Ouf…!

---DVSM---

- DVSM, 1er août 2024. Souvenirs d'été de presque 60 ans… Presque parce qu'en ce millésime 1964, les Jeux Olympiques de Tokyo se déroulaient aux portes de l'automne, du 10 au 24 octobre exactement. La quinzième édition des compétitions olympiques, en version moderne, se tenaient dans une capitale qui n'en était plus seulement à s'ébrouer après le dernier conflit mondial et ses ultimes épisodes. Dont ceux vécus par l'Empire du Soleil levant, ayant inauguré (peut-être après l'avoir un peu cherché) l'ère atomique. L'Hexagone écoute (à la radio) et déjà regarde, pour les presque 28% de ménages équipés de téléviseurs en 1963. Une proportion qui va s'envoler en une année, dans la turbulence de sillage de cette quinzième olympiade, les ventes d'écrans s'étant soudain vigoureusement réveillées…Jusqu'à près de 40% (39,3% exactement) des foyers disposant enfin de cette petite lucarne, à travers laquelle le monde se montre aux yeux du plus grand nombre.* De mémoire "d'électro-ménagiste" (ni les grandes surfaces spécialisées, ni les hypermarchés n'ont encore fait irruption sur le territoire), cette phase de compétition fut bien l'un des catalyseurs historiques d'une ruée sur ces étonnants joujoux cathodiques, comme une étincelle mettant le feu aux poudres d'une multitude de motivations d'achats. Les jours de cette réunion sportive au plus haut niveau passent, et les médailles s'accumulent. Un an après l'assassinat du jeune président Kennedy à Dallas, alors que Nikita Khrouchtchev a, le 1er octobre, été destitué de son poste de numéro Un de l'Union soviétique, qu'Harold Wilson se hisse au poste de Premier Ministre britannique, que Martin Luther King se voit décerner le Prix Nobel de la Paix **, ce qui se passe au Japon n'est guère présent dans nos JT ou gazettes, en France, profonde ou pas. Sauf pour ces médailles, fuyantes…! En effet, le peuple japonais est résolu, travailleur, et œuvre à son avenir. Une véritable transition technique et industrielle s'y propage comme une riche et lumineuse tempête. Il y a déjà un moment qu'Akio Morita, co-fondateur de Sony, est parti aux Amériques, catalogues sous le bras, pour y conquérir des marchés. Une célèbre famille nippone très puissante dans le textile et les machines à coudre s'est vue confier le défi consistant à réaliser une imprimante capable de coucher sur papier, en temps quasi réel, tous les résultats des épreuves. Elle porte une référence, EP-100 qui, en japonais se prononce "Ep-son" (cela ne rappelle rien à personne…?). La pimpante machine imprime, imprime, imprime. Et le dernier jour des Jeux arrive, avec déjà, côté "or", pour le Japon 16 médailles, pour l'URSS, 30, pour les USA, 36... Même l'Allemagne a réussi à en accrocher 10 à son palmarès. Et la France reste à 0, enfin, serait restée à ce total négatif sans qu'un cheval, et son cavalier, Pierre Jonquière d'Oriola, ne sauve l'honneur bleu, blanc, rouge, avec cette récompense dorée pour son superbe parcours au jumping. Ce soir du 24 octobre 1964, en France, sauvée d'une petite honte olympique, on danse... On ne peut pas à la fois s'accorder un slow, un rock, un twist, et en même temps, dans la vision du télescope du futur, déjà prêter attention à des logos de quelques Matsushita, JVC, Toshiba, Honda, Hitachi, Toyota, Mazda, Nikon, Canon, et d'autres… Ce n'est pas encore l'heure des vrais et gros sushis...

* Il faut mesurer ce bond en avant en tenant compte de la croissance démographique de cette époque, la population grandit d'un bon demi million d'âmes annuellement atteignant en "population moyenne" -terminologie INSEE- de 48 millions en 1964)

** Une distinction dont la remise fut à un moment imaginée conjointement à Stockholm -capitale suédoise- et Sevran, ville de Seine Saint-Denis où le savant scandinave a longtemps résidé et travaillé, l'ex-mairie de cette ville n'étant autre que l'ancienne maison de cet Alfred Nobel.