Le plongeon du jour impose un constat. De tous ceux qui, champions olympiques inclus, vont se mettre à l'eau bientôt, pas un ne peut espérer voir les photos de ses évolutions aquatiques visionnées aussi longtemps que le seront sans doute celles de la démonstration dans une eau certes Seine, mais saine, peut-être moins...
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- DVSM, 17 juillet 2024. Il existe des impératifs politiques pour lesquels il faut savoir se mouiller. En suivant l'exhibition de l'élue parisienne, hautement médiatisée, qui aura remarqué l'impressionnante armée des smartphones surplombant le spectacle depuis un pont voisin..? Armée probablement parsemée de quelques "sans miroir" de belle facture. Celle qui gère l'indigeste quotidien parisien pour des millions de franciliens (dans les pas de l'initiateur et prédécesseur, Bertrand Delanoë), aurait-elle osé se mettre en nage de la sorte sans être sûre que se confectionnerait dans le sillage de cette initiative du "à voir et revoir" pour longtemps...? Les objectifs des preneurs de vues ont mémorisé pour certains d'honorables mises en mémoire d'un moment pas comme les autres, pour d'autres la possibilité d'engranger pour le fil des ans des droits -ce qui n'est que justice et juste rémunération-, pour l'avenir ...? Dans 50, 80, 120 ans, peut-être plus, des médias publieront à n'en pas douter les évocations pixellisées de cet instant croustillant ayant émoustillé les curieux. Il reste qu'entre croustillant et appétissant, il y reste une distance.
Au centre de cette péripétie, la salubrité du fleuve, et les centaines de millions dépensés pour en gommer ce qui pouvait l'être (des experts émettent des doutes sur cette virginité bactérienne revendiquée). Ces fils conducteurs conduisent à se pencher sur le passé, et les images d'une "actu" d'hier. Comme la plupart des cours d'eau, celle que l'on a baptisée Seine (mais dont on sait que, géologiquement, elle est en réalité l'Yonne) a servi de réceptacle pour les détritus au long de tous les siècles. Il aura fallu attendre l'ère d'une photographie largement disponible pour que l'un des ses débordements les plus mémorables, la crue de 1910, permette de figer d'autres souvenirs. Comme le démontre cette vue -ci-dessus-* sur laquelle apparaissent des personnes en rangs serrés "balançant" sans s'émouvoir, par dessus le parapet, un peu des 1300 tonnes d'ordures (!) que le fleuve reçoit quotidiennement lors de cette crue historique (mais qui ne fut pas la plus grave pour Paris, et de loin). Aurait-on osé une petite brasse après un tel traitement...? Immédiatement, non, car c'était en plein hiver. Aglagla...! Mais les baignades dans des eaux aux contenus approximatifs ont en revanche été courantes fort longtemps, jusqu'à ce que la science biologique et médicale mette en évidence que ce genre d'audace était à l'origine de nombreuses pathologies (dont l'effroyable poliomyélite). Dans la pollution des fleuves, interviennent les actions de l'homme, mélangées à celles de la nature. Sans doute industrielle, celle d'aujourd'hui est plus contrôlable que celle du passé. Un autre sujte, qui mérite une profonde réflexion. Cette image, de plus d'un siècle d'âge, attire ainsi l'attention sur les vraies motivations d'une salubrité à améliorer, allant bien au-delà d'une "baignabilité", préoccupation plus politique que prophylactique, essentiellement née de la phase préolympique, terreau supposé propice aux jeunes pousses et vieilles graines de la culture des mandats électifs. Sans oublier des interrogations dans la relation entre l'image, et la dimension qu'elle donne à l'événement. Ce sang impur d'un couplet de notre hymne national était-il bien dans les sillons, ou plutôt dans quelques tourbillons vaseux de nos jolies rivières...?
* Tirée de l'excellent ouvrage "Paris sous les eaux", Editions Ouest-France.
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